[Actu] Le S-350 « Vityaz » pour 2019

Alors que selon les prévisions initiales les VKS devaient recevoir en 2019 près de deux ensembles de S-400 et sept ensembles de Pantsir-S, un « nouveau » venu devrait également être livré durant l’année: le S-350 Vityaz.

Système anti-aérien de portée intermédiaire développé par la société Almaz-Antey, se plaçant entre les système Buk et S-300 en terme de portée d’engagement et devant remplacer les S-300PS plus anciens, la genèse du S-350 a cependant débuté il y a plus d’une décennie et l’histoire de ce système est -là encore- assez complexe.

Le développement du S-350 Vityaz

Les premiers travaux de ce qui va devenir par la suite le S-350 vont en réalité être entamés dès 1999 avec les premières présentations du projet sous forme de modèles réduits.

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Un modèle de TEL préfigurant le S-350. Photo@bastion-karpenko.narod.ru.

Plusieurs configurations étaient alors à l’étude, notamment un TEL (Transporter Erector Launcher) et un projet de TELAR (Transporter Erector Launcher And Radar) pouvant transporter dix missiles en silo et basés sur un châssis KAMAZ.

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Une version TELAR a également été pensée. Photo@bastion-karpenko.narod.ru.

Il faudra cependant attendre 2007 pour que le projet devienne plus concret; Almaz-Antey va ainsi reprendre une partie de ses travaux réalisés pour la mise au point conjointement avec la Corée du Sud du système anti-aérien de moyenne portée Cheolmae-2 (aussi appelé Cheongung ou KM-SAM) pour développer un nouveau système anti-aérien national: c’est le début du développement du S-350.

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Le Cheolmae-2 ici exposé. Photo@ArmyRecognition.

Le programme va toutefois connaître une première phase de ralentissement en 2011. En effet, il semblerait que les tests de tir des missiles 9M96 et 9M100 (au cœur du S-350) à partir des systèmes S-400 et Polyment-Redut (un analogue maritime du Vityaz équipant notamment les frégates Izd.22350 et les corvettes Izd.20380 et Izd.20385) furent des échecs, les missiles n’ayant pas atteints leur cible. Et-ce d’autant plus que dans le même temps et selon un contrat signé en 2010, le S-350 devait être directement adopté sans avoir à passer par une batterie de tests au sol (ce qui relève pourtant du bon sens…).

Le système Vityaz va être officiellement dévoilé le 19 juin 2013 lors d’une visite de l’usine Obukhov de Saint-Petersbourg et sera présenté par la suite au salon aéronautique MAKS-2013. Par ailleurs, les tests du système devaient être achevés à l’automne 2013 pour la livraison d’une trentaine de « systèmes » d’ici 2020… du moins étaient-ce les plans initiaux. Mais comme de coutume entre les plans et la réalisation concrète, il y a un vide important qui s’installe progressivement.

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Le TEL 50P6 présenté à l’usine Obukhov. Photo@Alexsandr Petrosyan.

En effet le 22 janvier 2014, un responsable d’Almaz-Antey indiqua que les tests du S-350 seront finalement achevés entre la fin 2014 et  début 2015, tandis que la production en série devait débuter en 2015… A la fin 2015, il fut cette-fois ci annoncé que le S-350 était toujours en phase de test et que le système serait finalement livré aux troupes à partir 2016… toutefois et jusqu’à l’annonce d’il y a quelques mois, il n’y eut plus aucune nouvelle concrète quant à l’adoption et à la production de ce système.

Les caractéristiques techniques du S-350

Le système Vityaz est divisé entre plusieurs engins ayant chacun leur rôle et formant ensemble une batterie anti-aérienne, ils partagent toutefois la même plate-forme, à savoir une modification du châssis BAZ-6909 (certaines sources avancent le BAZ-69092-012) conçu par la société Брянский автомобильный завод (l’Usine Automobile de Bryansk). Toutefois et à l’image du S-400, différentes plate-formes peuvent probablement être employées au besoin.

Passons ensuite aux composants du système S-350 à proprement parler, la composition d’une batterie standard de S-350 se décomposant de la manière suivante:

  • Un véhicule de commandement: 50K6
  • Jusqu’à deux véhicules radar multifonctions: 50N6
  • De quatre à huit TEL: 50P6

Tout d’abord, chaque batterie est dirigé par un véhicule de commandement 50K6 permettant de communiquer les informations entre les différents composants du système et de communiquer avec les centres de commandement. On peut également supposer que le 50K6 puisse communiquer avec d’autres systèmes anti-aériens pour permettre une meilleure intégration entre eux.

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Un véhicule de commandement et de contrôle 50K6. Photo@Vitaly.V.Kuzmin.

Un système radar multi-fonctions est également présent sous l’appellation 50N6 pour assurer la détection, le suivi et le guidage des cibles pour les lanceurs. Une deuxième station 50N6 peut potentiellement être intégrée à une batterie. Assez peu de caractéristiques sont disponibles concernant ce radar comme sa portée de détection maximale ou le type d’antenne.

  • Nombre d’objectifs pouvant être suivis en simultané: 100
  • Nombre de cibles pouvant être engagées en simultané: 8
  • Nombre maximum de missiles pouvant être guidés simultanément: 16
  • Vitesse de rotation du radar: 40 tours/min.

Une deuxième station 50N6 peut potentiellement être intégrée à une batterie, permettant alors ainsi guider près de 32 missiles sur un maximum de 16 cibles (toutefois, face à des missiles balistiques, ce chiffre descend à 12 cibles maximum).

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Une station radar 50N6 lors du salon MAKS-2013. Photo@Vitaly.V.Kuzmin.

Enfin, une batterie met en œuvre entre quatre et huit TEL 50P6 pouvant être déployé en près de 5 minutes. Chaque TEL embarque douze missiles en silo (pouvant être tirés avec un intervalle de 2 secondes entre chaque tir) parmi lesquels:

  • Le missile de courte portée 9M100:

    Poids: 140 Kg (dont charge militaire: 14,5 Kg)
    Longueur: 3,165 m
    Diamètre (hors gouvernes): 200 mm
    Vitesse maximale du missile: 1000 m/s
    Portée d’engagement maximale: entre 10 et 15 Km
    Altitude maximale d’engagement: 8 000 m

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    Le missile 9M100E (version export du 9M100) présenté lors du salon MAKS-2017. Photo@Mihkail Zherdev.
  • Les missile de moyenne/longue portée 9M96 / 9M96E2:

    Poids: 333 Kg / 420 Kg (dont charge militaire: entre 24 et 26 Kg)
    Longueur: 4,75 m / 5,65 m
    Diamètre (hors gouvernes): 240 mm
    Vitesse maximale du missile: entre 900 et 1000 m/s
    Portée d’engagement maximale: 40 Km / 120 Km (30 Km pour une cible balistique)
    Altitude d’engagement maximale: 20 000 m / 30 000 m

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    Au premier plan, le missile 9M96(E) et juste derrière lui le 9M96E2 (à l’arrière-plan se trouve un missile 48N6E2). Photo@?

Et pour finir, une station de relais radio a été développée sur un châssis KAMAZ, mais très peu d’information sont disponibles concernant ce dernier.

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Une antenne relais sur châssis KAMAZ présentée avec le reste des composants du S-350. Photo@Alexsandr Petrosyan.

Après une longue période de gestation, la mise en service du S-350 devrait donc -à terme- permettre de compléter la défense anti-aérienne du territoire russe avec un matériel de portée intermédiaire et moins « sensible » à une attaque de saturation du fait du nombre plus important de missiles embarqués.

Toutefois, il n’est pas encore question de déployer les premiers ensembles (le nombre de systèmes n’a pas été précisé) au sein d’unités actives: ils seront tout d’abord perçus par le centre de formation de Gatchina situé dans l’oblast de Leningrad vers la fin de l’année pour permettre aux personnels d’acquérir les compétences nécessaires au maintien et à l’utilisation de ce système (et en supposant qu’il n’y ait pas d’imprévus dans la livraison cette année…)

Par ailleurs, en supposant que la production de masse du système débuterait d’ici 2020, il faudra alors patienter un peu avant de voir massivement le S-350 au sein des unités de défense anti-aérienne des VKS.

Selon la formule « consacrée », nous aurons donc largement l’occasion de revenir sur ce système à l’avenir.