[Actu] La modernisation de masse des BMD-2
Apparu au milieu des années 80 pour succéder à l’imparfait BMD-1 et formant depuis l’ossature blindée des VDV contemporaines; le BMD-2 est désormais un engin vieillissant qui doit désormais être remplacé par un nouveau blindé sous la forme du BMD-4M. Toutefois, le remplacement du parc de BMD-2 (entre 800 et 1000 blindés en service selon les sources) risque de prendre un temps non-négligeable (le rythme de livraison des BMD-4M depuis 2016 s’établissant aux alentours de deux bataillons par an soit 62 blindés tandis qu’un seul bataillon a finalement été livré durant l’année 2018).

Ainsi, pour permettre de maintenir une certaine modernité au sein du parc de blindés aéroportés en attendant la mise en service d’un plus grand nombre de BMD-4M, les BMD-2 devraient donc subir une phase de modernisation selon des annonces datées du 12 décembre dernier.
Alors qu’un tel projet avait déjà été lancé il y a un peu plus d’un an (tablant sur la modernisation de 540 BMP-2 et BMD-2) et ayant fait l’objet d’un article ici, il semble que ce programme de modernisation soit nettement plus ambitieux, puisque environ 600 engins seront concernés par ce programme.
Pour ce qui est de la modernisation en elle-même, elle portera sur deux standards distincts:
- BMD-2K-AU

Le BMD-2K-AU est une modernisation du BMD-2K, une variante de commandement, comprenant de nouveaux systèmes de communication (probablement une radio de type R-168-25UE) ainsi qu’un système de commandement et de contrôle automatisé pour les forces aéroportées et fonctionnant à l’échelon du bataillon Polet-K. Pour le reste, il n’y a pas de changements majeurs, si ce n’est une révision des composants mécaniques. Au vu de son rôle, il est logique de penser que seul une minorité des BMD-2 seront portés à ce standard.
- BMD-2M

Le BMD-2M est quant à lui une version plus lourdement modifiée du BMD-2 dont les améliorations portent sur le module de combat. En effet, la tourelle est remplacé par un module Bereg conçu par la société KBP qui, bien que semblable en apparence avec l’ancienne tourelle, présente plusieurs ajouts renforçant le potentiel de l’engin.
Alors que l’armement reste globalement identique, à savoir un canon 2A42 de 30 mm alimenté avec 300 obus et une mitrailleuse coaxiale 6P7K (PKTM) de 7,62×54 mm, le lance-missile 9K113M Konkurs-M laisse désormais sa place à deux lanceurs 9K135 Kornet-EM placés sur le côté droit de la tourelle. D’une porté maximale comprise entre 8 Km pour la munition anti-char 9M133M-2 capable de perforer l’équivalent de 1100 à 1300 mm de RHA et 10 Km pour la munition thermobarique 9M133FM-3.

Par ailleurs, une conduite de tir moderne a été installée avec un nouveau viseur comprenant un canal optique, un canal thermique, un télémètre laser et un canal de guidage des missiles anti-char, un ordinateur balistique couplé avec un mât météo et un système de suivi automatique des cibles et un nouveau stabilisateur 2E36-6, permettant alors au BMD-2M de pouvoir opérer plus facilement en conditions difficiles, nocturnes ou en mouvement. La radio est également remplacée par un modèle de type R-168-25UE.
Enfin, trois lance-pots fumigènes 902V Tucha sont installés sur la tourelle pour pouvoir masquer l’engin aux yeux de l’ennemi si la situation n’est pas favorable.
L’intérêt d’un tel programme est donc de permettre d’aligner un maximum d’engins ayant subi une modernisation pour conserver une certaine efficacité en attendant la mise en service d’un plus grand nombre de BMD-4M. En effet, il semble qu’à l’heure actuelle, les BMD-2 font face à des problèmes mécaniques du fait de leur âge pouvant compromettre leur fonctionnement voire leur capacité à être largué en vol en toute sécurité. Une modernisation couplée avec une révision générale des composants devraient alors aider à remettre en bon état une bonne partie du parc, bien que l’on puisse tout de même s’interroger sur le nombre d’exemplaires à moderniser qui représente près de 60 à 75 % de l’ensemble des BMD-2 en service aujourd’hui.

Il a été également mentionné que la plus faible masse du BMD-2 par rapport au BMD-4M -environ 8 tonnes contre près de 14 pour son successeur- le rend plus souple à employer par avion; un Il-76MD pouvant embarquer au maximum trois BMD-4M et leurs équipages et soldats embarqués et si l’Il-76MD-90A pourra remédier à cette limitation (avec une charge utile maximum portée à près de 60 tonnes), trop peu d’exemplaires sont en service pour le moment.
Il faudra tout de même attendre avant de voir l’arrivée des premiers engins livrés: en effet, le programme ne devrait commencer selon les prévisions… qu’à partir de 2021 et vu le nombre de blindés devant passer par cette étape de modernisation, plusieurs années devraient être nécessaire pour finaliser l’opération (bien que cela dépende aussi du rythme des travaux).
Si la modernisation d’un grand nombre de BMD-2 devra donc permettre au VDV de bénéficier d’un rafraîchissement de son parc d’IFV avec des engins au potentiel mécanique restauré et dont l’efficacité par tous-temps a été augmentée, la situation reste toutefois un pis-aller en attendant la venue en plus grand nombre du BMD-4M, dont au moins 300 exemplaires devraient être en service d’ici 2020 avec la conclusion du contrat signé lors du salon ARMY-2018 (cinq bataillons, soit grosso-modo 155 blindés, sont déjà en service sans compter les engins destinés à la formation des personnels) et dont on peut supposer de nouvelles commandes d’ici là: le BMD-2 tend en effet à accuser sa conception ancienne ainsi que son âge et il sera temps qu’il prenne sa retraite au cours des décennies à venir.