[Actu] Bilan 2019: les forces aériennes (1ère partie)

Comme de coutume sur le blog, l’année 2019 vient de s’achever et il est donc temps de passer par l’étape nécessaire bien que parfois complexe du bilan annuel. Vu l’ampleur de la tâche et sa complexité, le bilan de l’année 2019 sera divisé en trois articles:

  • Bilan des forces aériennes
  • Bilan des forces navales
  • Bilan des forces terrestres et aéroportées

Autant prévenir de suite, ces bilans se voudront les plus précis possible mais vu que nous ne sommes pas infaillibles; des erreurs se glisseront certainement dans ceux-ci. N’hésitez donc pas à nous signaler les erreurs que vous constaterez, elles seront directement corrigées dans l’article.

Débutons donc par la partie qui fut certainement la plus facile à suivre notamment grâce à la régularité et la constance dans les quantités livrées et les périodes de livraisons: les forces aériennes.

Beriev A-50U

Lentement mais sûrement la modernisation des AWACS russes, Beriev A-50 au standard A-50U, se poursuit à Taganrog. C’est le 28 mars 2019 que le sixième appareil porté à ce standard est sorti des usines Beriev avant d’être remis en service par les forces aériennes russes.

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Le dernier, en date, A-50U: le 42 Rouge. Image@Nikita Zhuravlev

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Antonov An-124-100

Le transporteur stratégique russe a été concerné par deux événements durant l’année écoulée: la remise en service après révision générale/ »modernisation » chez Aviastar-SP de trois avions stockés depuis plusieurs années avant la remise des appareils à la branche du transport stratégique des forces aériennes russes (VTA).

Les trois appareils concernés ont été remis en service en juin, septembre et enfin en décembre 2019. Avec le retour de ces trois appareils, la flotte militaire russe dispose maintenant de treize An-124 en service, l’ensemble de ces appareils étant passés en révision générale et extension de vie. De plus, la Russie dispose également de treize An-124 stockés qui sont susceptibles d’être remis en état à court/moyen-terme après passage chez Aviastar-SP.

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L’An-124-100 portant le registre RF-82034 est un des trois appareils remis en service l’année écoulée. Image@Nikita Belyakov

Outre ces remises en service, plusieurs appels d’offres ont été attribués (une quinzaine pour un montant cumulé d’un milliard de Roubles) portant sur le projet d’An-124M, c-à-d: la nouvelle variante fortement modernisée de l’appareil qui devrait notamment voir l’électronique embarquée de ce dernier intégralement remplacée. L’ensemble des travaux visent à prolonger la carrière de l’An-124 de dix à quinze ans par le remplacement/substitution des équipements obsolètes et/ou importés présents à son bord, le seul élément restant intact étant la motorisation.

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Ilyushin IL-76MD-90A / IL-76MD-M/ IL-78M2

L’autre transporteur principal des forces aériennes russes, l’IL-76MD-90A avance doucement dans sa concrétisation. En effet, cette variante neuve de l’IL-76MD dont la production se déroule au sein de l’usine Aviastar-SP, a été commandée à raison de trente-neuf appareils qui sont destinés à entamer le renouvellement de la flotte de transport russe qui emploie principalement l’IL-76MD.

Présentant des caractéristiques techniques significativement accrues par rapport à son prédécesseur notamment du fait du montage de nouveaux réacteurs PS-90A ainsi qu’une nouvelle aile, l’IL-76MD-90A doit également servir de base à la mise au point d’une variante de ravitaillement en vol (l’IL-78M-90) ainsi qu’un nouvel appareil AWACS, le Beriev A-100. L’actuel contrat posant des difficultés dans sa réalisation puisque le prix des avions a été calculé de manière trop « juste » sans prendre en compte l’inflation, le producteur perd de l’argent sur chaque avion produit. Par conséquent, de longues négociations ont eu lieu entre le producteur et le client (le MoD russe) qui déboucheront en 2020 sur un nouveau contrat renégocié avec un prix plus en adéquation avec la réalité du coût de production de l’avion. Certaines sources parlent même d’un nouveau contrat qui suivra très rapidement en vue de charger le plan de travail de l’usine Aviastar-SP jusqu’à la fin du GPV en 2027; ceci devra encore être confirmé bien que clairement plausible. Malgré ces difficultés, l’usine a mis en place une nouvelle chaîne de production dédiée à cet avion, cette dernière étant fortement automatisée par rapport à ce qui faisait auparavant et ce en vue d’améliorer la productivité et donc le nombre d’avions produits annuellement.

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L’IL-76MD-90A codé RF-78655 est le premier appareil de la cuvée 2019. Image@Saïd Aminov

En attendant, ce sont pas moins de trois appareils (de série) qui ont été livrés en 2019 pour les forces aériennes russes tandis que la production des exemplaires suivants se poursuit avec 5 à 6 unités attendues en 2020. A noter qu’initialement cinq appareils étaient attendus en 2019, la livraison de deux unités « de 2019 » étant postposée au début de 2020 suite au manque de certains composants.

A côté des appareils neufs, la flotte « historique » d’IL-76MD passe également par la case modernisation, avec le livraison de deux appareils portés au nouveau standard IL-76MD-M en 2019.

Il-76.jpgAutre appareil de la famille de l’IL-76MD-90A, la variante de ravitaillement IL-78(M). La modernisation de l’IL-78(M) longuement discutée est enfin devenue réalité avec la sortie le 23 août 2019 du premier IL-78M porté au nouveau standard IL-78M2. Ce dernier se différenciant notamment par le remplacement d’équipements obsolètes, l’installation de systèmes de défense, une révision générale de la cellule, ainsi qu’une modernisation des équipements embarqués. L’appareil concerné, portant le numéro de Bort 34 Bleu va être testé in extenso avant de voir les autres IL-78(M) passer par la même chaîne de modernisation.

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Le 34 Bleu est le premier IL-78M2. Image@Egor Shitov

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Sukhoï Su-25(-SM3)

Les travaux de modernisation des Su-25SM au standard Su-25SM3 se poursuivent avec la remise aux forces aériennes russes de huit appareils portés à ce standard.

Sukhoï Su-30SM

De manière assez surprenante, pas un seul Su-30SM n’a été livré à la Russie cette année, une première depuis 2012. Néanmoins, absence de livraisons en Russie ne signifie pas que l’usine est restée les bras croisés, au contraire puisque pas moins de douze Su-30SM ont été livrés en 2019 et ce à trois clients à l’export dont deux pour qui il s’agissait d’une première!

En novembre, les quatre premiers Su-30SM (d’une commande totale de douze appareils) ont été livrés à la force aérienne biélorusse marquant ainsi le début du renouvellement des avions de première ligne en Biélorussie.

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En décembre, deux livraisons sont à noter. La première concerne quatre avions pour le Kazakhstan qui complète ainsi sa flotte de Su-30SM, malheureusement aucune photo des derniers appareils livrés ne sont disponibles, par contre la deuxième livraison porte sur quatre Su-30SM qui rejoignent la force aérienne arménienne.

En ce qui concerne cette dernière, il s’agit donc d’une première également puisque les quatre Su-30SM sont à la fois les premiers appareils neufs admis au service en Arménie depuis l’indépendance du pays ainsi que les premiers chasseurs dont dispose la force aérienne locale.

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L’absence de livraisons pour la Russie peut s’expliquer de plusieurs manières; le développement du projet de modernisation Su-30SMD voit le constructeur se concentrer sur ce dernier à côté de la production d’appareils neufs, les MA-VMF limitent les livraisons temporairement vu l’absence d’équipages formés sur l’appareil et enfin, l’actuel contrat pour les forces aériennes russes arrive doucement à son terme et le prochain n’est pas encore signé. Il n’empêche que plusieurs appareils sont à des stades avancés de construction chez IAPO et l’on doit donc s’attendre à des livraisons au début de 2020.

Sukhoï Su-34

Petite année – et troublée de surcroît – pour l’usine NAZ (Novosibirsk) chargée notamment de la production des bombardiers tactiques Su-34. La cuvée 2019 de Su-34 a été limitée à huit Su-34 dont seulement six appareils ont été livrés l’année dernière au 2 SAP de Shagol, le solde étant à livrer au début de 2020.

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Le Su-34 codé 27 Rouge est un des appareils de la cuvée 2019. Image@Ilya the Nightingale

Dans le courant de l’année des rumeurs persistantes de délocalisation de la production du Su-34 sont apparues régulièrement dans la presse avec transfert de la chaîne vers l’usine KnAAZ de Komsomolsk-sur-l’Amour. Il n’en sera finalement rien; l’usine NAZ conserve la production du Su-34 et un nouveau contrat est en préparation portant sur la production de la variante modernisée (Su-34M) dont le premier vol devrait intervenir à l’horizon 2022. A noter que l’usine NAZ (à l’instar d’autres usines du groupe UAC Russia) va effectivement voir sa charge de travail pour le militaire se réduire au profit de la charge de travail sur le secteur civil; ceci découlant du fait que le taux de renouvellement des équipements militaires étant élevé, il n’est plus nécessaire de passer des commandes aussi importante qu’auparavant.

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Sukhoï Su-35S

Des trois appareils du triumvirat de première ligne (Su-30SM/Su-34/Su-35S), le Su-35S est celui qui voit ses livraisons se dérouler avec la régularité d’un métronome. Ce sont donc dix Su-35S qui ont été livrés en 2019 avec six appareils qui rejoignent le 790 IAP à Khotilovo ainsi que quatre appareils (les B/n 50 à 53 Bleu) qui rejoignent le 237 TsPAT c-à-d, les Русские Витязи (Russian Knights).

Cette dernière livraison est pour le moins inattendue surtout au vu de la réception récente par cette patrouille acrobatique de Su-30SM pour renouveler une partie de leurs effectifs. Deux raisons peuvent expliquer ce rééquipement pour le moins surprenant; les Russian Knights outre leurs missions acrobatiques sont une escadrille active de première ligne disposant d’avions « bon de guerre » par conséquent, l’emploi de Su-35S n’a rien de surprenant. De plus, cette unité étant fréquemment déployée à l’étranger pour des meetings, shows aériens et salons de professionnels: le déploiement de Su-35S est également un argument commercial pour des clients potentiels.

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Au vu des couleurs, impossible de se tromper sur l’unité d’appartenance de ces deux Su-35S. Image@Alexander Martynov

Outre ces livraisons, plusieurs confirmations intéressantes sont tombées cette année: le rééquipement à terme du 38 IAP (base de Belbek en Crimée) avec des Su-35S; ces derniers étant « prépositionnés » pour envoi en Syrie si nécessaire tout comme ils seront employés pour renforcer le dispositif russe dans cette zone (Mer Noire/Mer Méditerranée) qui devient un point de crispation récurrent entre forces russes et occidentales. En outre, une nouvelle commande est annoncée à court terme, ceci étant une suite logique de l’achèvement de la commande en cours (pour rappel: 48 + 50 appareils ont été commandés tant qu’à présent) permettant de poursuivre le rééquipement de Khotilovo, de rééquiper Belbek ainsi que d’équiper les MA-VMF comme déjà annoncé à plusieurs reprises. La production du Su-35S est donc appelée à se poursuivre pendant encore quelques années aux côtés de celle du Su-57 au sein de l’usine KnAAZ.

Sukhoï Su-57

Du bon et du moins bon en ce qui concerne le Su-57 cette année. La première nouvelle et de loin la plus importante: la signature d’un premier contrat d’acquisition de 76 appareils durant le salon Armiya-2019 (juin 2019). Il s’agit du plus important contrat militaire (en termes financiers ainsi qu’en volume d’appareils) signé par la Russie après la chute de l’URSS. Les livraisons doivent s’achever pour 2028, la production de l’appareil se déroulant de concert avec celle du Su-35S au sein de l’usine KnAAZ.

En outre, on peut signaler la publication des premières photos des deux types de rails éjecteurs employés dans les soutes principales (UVKU-50L et UVKU-50U) ainsi que – ceci reste à confirmer – ce qui semble être un nouveau missile air-air adapté pour les soutes latérales du Su-57. Les travaux sur le nouveau réacteur Izd.30 progressent avec un remontage de ce dernier sur le prototype T-50-2 pour poursuivre les essais en vol.

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Quatre T-50 durant un vol de démonstration lors du salon MAKS 2019. Image@Yuriy Pieshyk

L’année s’est terminée sur une note négative puisque le premier Su-57 (01 Bleu, C/n 51001) s’est écrasé durant un vol d’essais le 23 décembre peu avant sa date de remise officielle à la force aérienne russe. Le crash serait dû à un problème de commandes de vol qui a rendu l’appareil incontrôlable; le pilote a pu s’éjecter et est indemne. Même si ceci est une contre-publicité pour le Su-57, ce crash (le premier depuis le premier vol de l’appareil en 2010) n’aura pas d’impact sur la gestion du programme si ce n’est les éventuelles corrections à apporter à l’avion suite à ce crash (les causes n’étant pas encore déterminées, l’enquête étant toujours en cours).

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Le T-50 est un bel appareil mais les spotters russes savent assurément comment le mettre en valeur! Image@Michael Polyakov

On peut également indiquer la présentation d’une version Export du Su-57, le Su-57E, dont le prototype – en réalité une cellule statique – fut exposé durant le salon MAKS 2019) qui disposerait (conditionnel de rigueur) notamment d’un cockpit composé d’un grand écran central unique. Inutile d’espérer voir cette variante rapidement en service, les russes ayant clairement indiqué que la priorité est l’équipement de la force aérienne russe avant tout.

Mikoyan i Gurevich MiG-31BM/MiG-31K

L’année 2019 a commencé en force pour le MiG-31 avec la signature en janvier d’un nouveau contrat portant sur la modernisation d’un lot supplémentaire (quantité indéterminée) de MiG-31 au standard MiG-31BM. Les livraisons de MiG-31BM se sont poursuivies durant l’année avec notamment l’arrivée des premiers appareils de ce type sur la base de Yelizovo (Aéronavale Russe, Flotte du Nord) en février 2019 ainsi que la poursuite des livraisons aux forces aériennes russes d’avions modernisés.

Par contre, il n’y a pas de changements fondamentaux au sein de la flotte de MiG-31 (toutes variantes confondues) si ce n’est l’annonce que les MA-VMF (l’aéronavale russe) seront équipés de MiG-31K au sein de la Flotte du Nord et de la Flotte du Pacifique, c-à-d de la variante apte à emporter le missile hypersonique Kinzhal.

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Vu la taille des missiles, aucun doute possible sur la variante de MiG-31, il s’agit de deux MiG-31K. Image@Tass

Il n’est pas encore précisé si cette dotation se fera sur base d’appareils transférés ou d’appareils remis en service (la Russie possède encore un stock de MiG-31 inemployés éligibles à une remise en service après passage en révision générale/modernisation) mais toujours est-il que ceci verra les capacités anti-navires de surface des MA-VMF significativement accrues avec cette arrivée; ces dernières étant actuellement pour le moins lacunaires depuis la perte des Tu-22M3 au profit des VKS.

Mikoyan i Gurevich MiG-35S/MiG-35UB

Bien que restreinte, l’actualité en matière de MiG-35 n’en est pas moins significative puisque la force aérienne russe a reçu les deux premiers MiG-35S/-UB (des six avions qu’elle a actuellement en commande).

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Le MiG-35UB codé 11 Bleu est un des deux appareils de la cuvée 2019. Image@Aleksey

Livrés en juin 2019, ces deux appareils marquent donc une première pour cette variante (la Russie étant le seul client pour ce dernier tant qu’à présent) tout comme il s’agit des premiers MiG neufs livrés à la force aérienne depuis les MiG-29SMT. Bien que cette commande soit toujours restreinte en nombre, diverses annonces – non-confirmées – indiquent qu’une commande supplémentaire (plus importante) devrait être passée sous peu.

Tupolev Tu-22M3(M)

Pas d’actualité révolutionnaire en ce qui concerne le Tu-22M3, les tests de la variante modernisée Tu-22M3M étant toujours en cours, néanmoins une photo publiée il y a quelques mois permet de voir que la Russie travaille sur la remise en état de vol d’appareils stockés inactifs depuis plusieurs années.

Bien qu’aucun détail ne filtre sur le pourquoi de ce retour en vol ainsi que sur le nombre d’appareils concernés, il est un fait que la modernisation en cours du Backfire ainsi que la possibilité d’accroître la flotte de bombardiers régionaux (pour un coût réduit) font des Tu-22M3 stockés des candidats idéaux pour une remise en service des appareils les plus récents et inemployés. A voir si cette tendance se confirmera en 2020.

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Tupolev Tu-95MS

Le Tu-95MS Bear est un appareil problématique dans le cadre de ce bilan puisque les différentes annonces sont contradictoires; si un certain nombre d’appareils allant de trois à cinq ont été traités dans le cadre des révisions générales/première étape de modernisation chez Beriev à Taganrog, il est impossible de déterminer avec précision le nombre d’appareils réellement traités.

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Le 22 Rouge est un des Tu-95MS traité cette année. Image@Beriev

Si l’on se base sur les déclarations de Beriev, trois appareils ont été traités en 2019 (B/n 19, 22 et 24 Rouge) et sont contraires aux annonces de Tass. En attente de confirmation/détails, nous nous en tiendrons à la version de Beriev de trois Tu-95MS traités en 2019.

Tupolev Tu-142MZ

Les révisions générales de Tu-142MK/MZ se poursuivent chez Beriev à Taganrog. Cette année, c’est le Tu-142MZ codé 64 Rouge qui est sorti d’usine le 12 décembre 2019. A noter qu’il ne s’agit pas d’une modernisation (un prototype de cette dernière étant en cours de développement) mais d’un appareil qui est passé par le cycle normal de révision générale des appareils.

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Le Tu-142MZ codé 64 Rouge lors de son premier vol post-révision générale. Image@Beriev

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Kamov Ka-52/Ka-52M/Ka-52K

Trois informations utiles par rapport à cet hélicoptère; premièrement la confirmation que la Russie travaille sur une variante modernisée de l’appareil qui serait reprise sous le standard Ka-52M. Ces travaux porteraient principalement sur les équipements embarqués ainsi que sur l’ajout d’armements supplémentaires.

Deuxièmement, la confirmation que la Russie travaille sur un nouveau contrat à long terme (similaire à celui des Mi-28NM) qui ciblerait une grosse centaine d’appareils à livrer d’ici à 2027.

Et enfin, avec la mise sur cale annoncée des deux premiers navires d’assaut amphibie (UDK dans la nomenclature locale) russes, les travaux sur le Ka-52K (la version embarquée dont le développement a été interrompu suite à la fin du contrat Mistral avec la France) ont repris ou vont reprendre sous peu puisqu’un ensemble de contrats ciblant une remise en service de certains des quatre prototypes a été attribué dans le courant de l’année 2019.

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Mil Mi-8AMTSh-VN

Signature d’un contrat en date du 27 juin concernant l’acquisition de dix hélicoptères Mi-8AMTSh-VN pour les forces aériennes russes.

Mil Mi-26/Mi-26T2V

Sortie d’usine d’un unique Mi-26 en octobre 2019 destiné aux forces aériennes russes, mais manifestement destiné à être employé dans la zone arctique vu son camouflage très voyant orange et bleu. L’appareil en question porte le numéro de Bort 71 Rouge.

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Le dernier – en date – Mi-26 sorti d’usine avec son camouflage pour le moins lumineux et portant le numéro de Bort 71 Rouge. Image@Erik Romanenko

On peut également indiquer que la variante modernisée destinée aux VKS, le Mi-26T2V, a débuté ses essais étatiques à la fin de 2019.

Mil Mi-28NM

Signature en date du 27 juin d’un contrat à long terme portant sur l’acquisition de nonante-huit Mi-28NM pour les forces aériennes russes à livrer entre 2020 et 2027.  En outre, les deux premiers Mi-28NM ont été livrés aux forces aériennes en juin pour servir aux essais étatiques.

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Le 70 Rouge serait le premier Mi-28NM de série livré aux VKS. Image@?

Mil Mi-38T

Livraison du premier Mil Mi-38T à la force aérienne russe en date du 2 décembre 2019. L’appareil va être engagé dans les tests étatiques ainsi que dans la campagne d’évaluation par l’armée russe avant de déboucher sur de futures commandes dont la taille dépendra des résultats obtenus par l’appareil.

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Le deuxième prototype Mi-38T, le B/n 72 Rouge. Image@RIA Novosti

Et probablement ce qui fut la dernière livraison de 2019: l’arrivée du deuxième Mi-38T au sein des forces aériennes russes en date du 31 décembre.

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En conclusion

Bilan en demi-teinte pour la Russie? A première vue, oui. Mais pas seulement. Si il est un fait que deux des trois appareils principaux (Su-30SM et Su-34) voient leurs livraisons restreintes en 2019, c’était pour le moins prévisible car déjà annoncé depuis plusieurs mois. Avec la fin du GPV 2011-2020 ainsi que la mise en place du GPV 2018-2027, on atteint la fin des commandes passées dans le cadre du premier avant le passage aux commandes passées dans le cadre du deuxième; ce faisant, les livraisons à la Russie sont limitées pour ne pas achever les commandes trop rapidement et mettre les usines à l’arrêt. Les exportations (dans le cas du Su-30SM) venant compenser en partie la « perte » de travail pour la Russie, ceci étant à mettre en perspective avec le fait que plusieurs appareils sont en cours d’achèvement pour la Russie avec admission au service qui devrait avoir lieu au début de 2020; ils n’entrent donc pas stricto sensu dans le cadre de ce bilan.

Preuve que l’on se trouve dans une période transitoire; les deux premiers contrats importants du nouveau GPV ont déjà été signés, avec notamment les deux contrats à long terme pour les Mi-28NM et Su-57 auxquels viennent s’ajouter la préparation des contrats portant sur les Su-34M, Ka-52(M) et Su-35S. Il est bien évidemment évident que les chiffres de livraisons 2019 ne sont guère flatteurs pour la Russie: pas de Yak-130, pas de Su-30SM, nombre restreint de Su-34, bref pas de quoi pavoiser. Si ce n’est que l’on assiste à un mouvement intéressant à tous points de vue: la réorientation progressive annoncée du secteur de la production militaire vers la production civile pour les besoins nationaux ainsi qu’à terme à l’exportation. Les projets SSJ-100, MS-21-300 et à terme CR929 doivent à terme devenir les moteurs du secteur de la production aéronautique, la partie militaire continuant à fonctionner mais dans une version rationalisée construite autour de quelques programmes importants (Su-57, PAK DA, Tu-160M2, Mi-28NM, Ka-52M, etc…) ces derniers verront leur production concentrée au sein de la nouvelle structure industrielle fortement simplifiée (construite autour de clusters) en cours d’élaboration par ROSTEC pour UAC Russia.

Enfin, cette réduction significative – il faudra voir l’année prochaine si la tendance se confirme – est également indicative du taux de renouvellement déjà atteint au sein des forces aériennes russes; ce dernier étant globalement estimé à 70-75% de matériels neufs/modernisés. Il est aisé de comprendre en quoi la Russie ne nécessite plus des commandes aussi importantes (en volume) que par le passé, le gros du travail ayant déjà été accompli. Néanmoins, si cet argument se défend et est pertinent en ce qui concerne la flotte de première ligne, il reste encore des lacunes sérieuses dans certains domaines précis (AWACS, avions PATMAR/SURMAR, ravitailleurs en vol, guerre électronique, etc…) la Russie se reposant sur des plate-formes anciennes dont les successeurs sont soit au stade des essais en vol soit toujours au stade des discussions.

Voilà qui boucle cet aperçu de l’année 2019 pour la partie aérienne, le prochain bilan qui suivra dans quelques jours portera sur la partie navale.