[Actu] Livraison des premiers Su-30SM biélorusses
Après la Russie et le Kazakhstan mais avant l’Arménie et le Myanmar; la Biélorussie est le troisième pays à prendre livraison de celui que l’on pourrait qualifier de « chasseur standard de l’espace post-soviétique »: le Su-30SM. L’arrivée des deux premiers Su-30SM en date du 13 novembre sur la base de Baranovichi marque donc le début de la livraison des douze Su-30SM commandés par la Biélorussie en juin 2017.
Devant initialement être réceptionnés à partir de 2018, les livraisons ont été retardées d’un an à la demande du client, le planning des livraisons étant établi de manière à fournir quatre appareils annuellement pendant trois ans; deux appareils supplémentaires doivent donc être livrés à la Biélorussie, ces derniers étant attendus avant la fin du mois.

La Force aérienne et de défense aérienne de la République de Biélorussie aussi connue localement sous le nom de Военно-воздушные силы и войска ПВО Республики Беларусь (VVS i PVO RB) a été constituée en deux temps avant d’arriver à sa forme actuelle.
Dans un premier temps, le 15 juin 1992 est fondée la Force aérienne de la République de Biélorussie (VVS RB) sur base de la 26ème armée de l’armée de l’air soviétique (VVS) cette dernière se voit adjoindre la Défense aérienne de la République de Biélorussie (PVO RB) fondée en date du 1er août 1992 sur base de la 2ème armée indépendante de la défense aérienne soviétique (PVO). Dans un deuxième temps, en 2001, les deux branches sont fusionnées et intégrées au sein des Forces armées de la République de Biélorussie (Boopyжённыe силы Pecпyблики Бeлapycь / Vs RB) composées de l’armée de terre (Сухопутные войска Республики Беларусь / Sv RB) ainsi que de l’armée de l’air, le pays n’ayant pas d’accès à la mer: il n’existe donc pas de Marine Biélorusse.

La récupération du matériel provenant de la Défense aérienne soviétique (PVO) permit à la Biélorussie de disposer du matériel parmi le plus moderne en service au sein de l’ex-URSS. En effet, historiquement, la force aérienne soviétique disposait d’appareils moins modernes que la défense aérienne. Ceci expliquant notamment la présence de Su-27 dans la flotte biélorusse, ces avions étant affectés à la PVO et non au VVS. L’ensemble des forces en présence en 1992 était évalué à environ sur environ 286 avions et 310 hélicoptères présents sur place; les principaux modèles présents dans l’ordre de bataille local étant:
- xx Su-17M
- 42 Su-24M/Su-24MR
- 76 Su-25/Su-25UB
- 25 Su-27P/Su-27UB
- 44 MiG-23MLD/MiG-23UB
- 13 MiG-25
- 84 MiG-29/MiG-29UB
Les hélicoptères en dotation étant les classiques Mi-8/Mi-17 et Mi-24 omniprésents dans presque tous les recoins de l’ex URSS. Un vaste mouvement d’écrémage des appareils les plus anciens va être mis en place suite aux réductions des budgets disponibles, ce dernier débouchant sur un retrait rapide du service des Su-17M, MiG-23 et MiG-25 qui seront tous arrêtés avant 1998. Cependant, la flotte à disposition de la Biélorussie n’était plus en adéquation avec les capacités financières du pays, la réduction de la flotte va se poursuivre avec le retrait de service des Su-24M/MR en février 2012 (douze Su-24M seront revendus par la suite à la force aérienne soudanaise) qui sera suivi par la mise à la retraite des Su-27P/UB en décembre 2012, enfin une partie des MiG-29 va être revendue à l’Algérie ainsi qu’au Pérou.

Une partie des avions devenus excédentaires a été modernisée localement par le centre d’entretien 558 ARZ basé à Baranovichi (le centre a été fondé en 1941 à Kharkov avant d’être transféré en 1953 en Biélorussie) qui est spécialisé dans les travaux de réparations et modernisations de Su-25, MiG-29, Su-27/Su-30 et Su-22, avant d’être réexporté principalement vers l’Afrique et les pays de la CEI. Travaillant en étroite collaboration avec la Russie, le centre 558 ARZ a pris récemment en charge les Su-30K ex IAF (Inde) qui ont été révisés et modernisés localement avant d’être revendus à l’Angola, les Su-25 du Kazakhstan passés en modernisation en Biélorussie ainsi que des MiG-29 russes donné à la Serbie qui seront modernisés par 558 ARZ.

Outre sa flotte, l’armée de l’air biélorusse a procédé à une réduction du nombre de bases aériennes à disposition, le pays n’en comportant plus que quatre en 2019:
- Minsk-Machulishchy (50 SAB)
- Lida (116 GvShAB / 206 TsPLS)
- Baranovichi (61 IAB)
- Osovtsy (927 CPA BAK)
Vu les coûts d’exploitation ainsi que l’inutilité d’une plate-forme aussi « lourde » pour les besoins biélorusses, les VVS i PVO RB retireront du service les Su-27P/UB (dont certains avaient été modernisés au standard Su-27UBM1) en décembre 2012, préférant se concentrer sur le MiG-29 comme appareil chargé de l’interception et de la protection de l’espace aérien local.
Jusqu’en 2012 la flotte locale est exclusivement composée d’appareils hérités de l’URSS qui bien que maintenu en bon état général ne sont plus vraiment à la pointe de la technologie, cette flotte reposait sur:
- 37 MiG-29 (dont 13 MiG-29BM) chargés de l’interception
- 24 Su-25 (19 Su-25 et 5 Su-25UB) chargés de l’attaque au sol
- 10 L-39C chargés de l’entraînement des pilotes
Le vieillissement de ce parc ainsi qu’un contexte géopolitique ayant significativement évolué depuis 1992 ont poussé le pays à entamer une phase de modernisation bien nécessaire et grâce aux liens politiques et économiques qui unissent toujours fortement la Biélorussie et la Russie, il n’est pas difficile à comprendre pourquoi le principal fournisseur de matériel militaire soit toujours Moscou.

En effet, la Russie pratiquant à l’égard de la Biélorussie une politique de prix généreuse (à l’instar du Kazakhstan) où les avions sont vendus aux mêmes tarifs que ceux pratiqués pour l’armée russe, il devient dès lors très facile de comprendre pourquoi la question du principal fournisseur ne se pose pas (ou presque). Moscou considère, à juste titre, que la défense de son flanc ouest est en partie assurée par Minsk, le fait de pratiquer des « prix d’amis » permettant à Minsk de se rééquiper correctement pour un coût réduit.
La première commande marquant le début du renouvellement des VVS i PVO RB remonte à décembre 2012 avec la passation d’une commande de quatre Yakovlev Yak-130 à livrer pour avril 2015, cette commande étant suivie par une autre placée en août 2015 et portant également sur quatre appareils. Enfin, une troisième commande portant sur un lot supplémentaire de quatre appareils a été passée à une date inconnue mais porte sur des livraisons à effectuer au début de 2019 vu la présence des avions à un stade avancé d’achèvement sur les chaînes de montage de l’usine IAPO en janvier 2019.

Admis au service au sein du 116 GvShAB de la base de Lida entre avril 2015 et le premier trimestre 2019, les douze Yak-130 (codés 71 à 82 Rouge) doivent prendre la relève de dix Aero L-39C Albatros racheté d’occasion en Ukraine en 2005; ces appareils servent donc pour l’entraînement avancé des pilotes biélorusses.
Les hélicoptères des VVS i PVO RB ne seront pas en reste puisque est annoncée le 16 juin 2015 une commande portant sur 12 Mil Mi-8MTV-5 (présentant un standard identique à celui des appareils employés en Russie) qui furent livrés en deux groupes à raison de six appareils réceptionnés en 2016, le solde étant perçu en avril 2017.

Mais c’est en juin 2017 que la Biélorussie crée la surprise en passant commande de douze Su-30SM pour livraison à partir de 2018, la commande étant d’une valeur estimée de 600 millions d’USD. Les appareils, qui sont à un standard d’équipement strictement identique à celui des avions russes, devront être livrés à raison de quatre appareils annuellement sur trois ans; ce plan sera légèrement amendé dans le courant de 2018 avec un décalage des livraisons selon la même répartition à partir de 2019.
Les deux premiers avions biélorusses sont sorti d’usine chez IAPO (Irkutsk) en mars 2019 pour leurs premiers vols qui ont eu lieu respectivement le 03 et 13 mars avant d’entrer en phase de finitions et poursuite des vols d’essais. Les premières photos des appareils peints à leur sortie d’usine ont été publiées sur Internet le 17 août signalant de la sorte la livraison imminente à l’acheteur.

Codés, fort logiquement, 01 et 02 Rouge, les deux Su-30SM arborent une livrée à trois tons sur base de nuances de bleus sur l’extrados, l’intrados étant dans un ton uni de bleu électrique, deux autres appareils supplémentaires (fort probablement, les 03 et 04 Rouge) sont attendus d’ici la fin du mois. Affectés à la base de Baranovichi (61 IAB), les Su-30SM formeront donc à terme une escadrille complète d’appareils strictement identiques (et donc interopérables) avec leurs homologues russes et kazakhs. Il est d’ailleurs pour le moins surprenant de voir que la Biélorussie qui avait abandonné sa flotte de Su-27P/Su-27UB pour des raisons de coûts, fait le choix de moderniser sa flotte avec une variante de ce dernier; néanmoins la présence du Yak-130 dans la flotte qui est l’appareil d’entraînement idéal pour le Su-30SM n’est certainement pas étrangère à ce choix.

Enfin, avec cette livraison, le Su-30SM s’impose de plus en plus comme le « chasseur standard » des pays de la CEI, puisque déjà exploité par la Russie et le Kazakhstan et à terme par l’Arménie. Des annonces récentes font état d’un intérêt de l’Ouzbékistan pour cet appareil mais sans déboucher sur une commande tant qu’à présent; bien évidemment la Russie proposant ses appareils au même tarif que pour le marché interne ainsi que des crédits à taux avantageux, le choix de l’appareil ne laisse guère de doutes pour le client final qui reçoit un avion moderne et fiabilisé apte à emporter toute la gamme de munitions classiques et modernes russes.
de formation technique et longtemps en contact avec URSS j’apprécie beaucoup la qualité et la grande tenue de vos articles. Cependant j’ai oublié la signification des codes couleur de l’aviation russe. C’est avec reconnaissance que je lirai des explications à ce sujet.
Les russes et les soviétiques avant eux utilisent depuis la nuit des temps le système de « Bort » (dérivé de l’anglais « Board ») pour classifier leurs appareils. L’idée sous-jacente étant de rendre l’identification précise des appareils plus difficile qu’une suite logique, cohérente et immuable.
Le système est lié aux escadrilles et ce sont ces dernières qui décident de la suite dans laquelle les avions seront classifiés, ex: 01 à 12 Rouge, 20 à 31 Rouge, etc…
Certains nombres sont évités volontairement pour des raisons de superstition (les avions codés « 13 » sont rares) ou alors pour des raisons historiques (crash d’un appareil ayant portés un numéro de Bort spécifique).
Les couleurs sont – et c’est loin d’être une règle absolue – en général liées à une escadrille ou une armée (Marine => Bleu, Interception/Chasse => Rouge, etc…) tandis que les suites de chiffres sont en général à deux chiffres pour les avions d’unités opérationnelles et de trois chiffres pour les prototypes.
Ce système bien que maintenu depuis la chute de l’URSS est maintenant complété par les numéros de registre qui sont codés en RF-xxxxx pour les appareils militaires et RA-xxxxx pour les appareils civils.
Encore une fois ces règles ne sont pas absolues et il existe un nombre incalculable de spécificités et exceptions locales…
C’est un petit HS mais le contrat avec les 6 Su-30 birmans et toujours d’actualité vu que ce pays n’a pas encore réceptionné la totalité des chasseurs chinois qu’elle à commandé ?
Aux dernières nouvelles, rien n’indique un abandon de la commande.