[Actu] Premier vol du MS-21-300
Après avoir effectué ses premiers essais au sol dans le courant du mois de mai et après plusieurs report: le MS-21-300 a effectué son premier vol en date du 28 mai à Irkutsk.
Développé par le bureau Yakovlev et produit chez IAPO à Irkutsk; le MS-21 (Магистральный Самолёт 21 века = « Appareil principal du 21ème Siècle« ) est un appareil moyen-courrier monocouloir bimoteur qui reprend en partie les travaux réalisés sur le Yak-242 (variante jamais réalisée du Yak-42).
Il est nécessaire de s’arrêter deux secondes sur la dénomination de l’appareil: contrairement à ce qu’une bonne majorité de médias annoncent régulièrement: la dénomination de l’appareil est bel et bien MS-21 et non MC-21. La lettre « -C » en alphabet cyrillique se traduisant en « -S » en alphabet latin.

Le début des travaux relatifs à cet appareil remontent à 2006 avant le lancement officiel du projet en 2007. Le but poursuivi étant la création d’un appareil d’une capacité de base variante de 130 à 170 places et disposant d’une distance franchissable variant de 5.000 à 6.500 Km. L’appareil est destiné à remplacer les Tu-154 et Tu-204 en Russie ainsi qu’à concurrencer les familles d’Airbus A320 et de Boeing 737 sur le marché à l’exportation.
Au vu du nombre d’appareils anciens encore en service en Russie et de l’absence de production locale capable de prendre la relève (le Tu-204 est un appareil qui ne tient pas la comparaison avec les appareils Occidentaux); ce programme est donc d’une importance capitale pour l’industrie aéronautique civile Russe.
Lors du lancement du programme en 2007, le timing envisagé prévoyait la sortie et le premier vol d’un prototype en 2016. Si le premier prototype de MS-21-300 a bien été présenté en date du 8 juin 2016 à Irkutsk, il aura fallu attendre presque une année supplémentaire pour assister au premier vol de l’appareil.

Il ne s’agit pas encore du premier vol avec présentation à la presse, le premier vol d’aujourd’hui n’est destiné qu’aux concepteurs du MS-21-300 et les photos publiées ne le sont que grâce au concours de spotteurs russes toujours bien renseignés…
Le premier prototype porte le numéro de registre 73051 et le numéro de construction 21001, il est propulsé par deux moteurs Pratt & Whitney PW1428G. Son premier vol a été plusieurs fois retardé, mais les tests au sol de ces dernières semaines présagaient d’un premier vol proche. C’est maintenant chose faite.
Deux versions du MS-21 sont prévues; la version de base MS-21-300 d’une capacité maximale de 211 passagers (configuration en haute densité) et la version à fuselage plus court, le MS-21-200 d’une capacité maximale de 165 passagers (en haute densité). Une version à fuselage rallongée, le MS-21-400 est envisagée mais sans plus de détails précis sur cette variante pour l’instant.

L’appareil est le premier appareil civil produit en Russie qui emploie de manière aussi large des matériaux composites. En effet, les estimations (elles varient selon les sources) indiquent qu’entre 40 et 45% de l’appareil sont constitués de matériaux composites; l’aile étant intégralement en matériaux composites (fibre de carbone).
Le MS-21-300 est un appareil monocouloir à ailes basses d’une longueur de 42,3m (36,8m pour le MS-21-200), d’une envergure de 35,9m et d’une hauteur de 11,9m. La charge maximale au décollage est de 79,25 tonnes (MS-21-300) ou de 72,56 tonnes (MS-21-200); la charge utile est de 22,6 tonnes (MS-21-300) ou de 18,90 tonnes (MS-21-200).
Chose intéressante; le diamètre du fuselage (et donc de la cabine) de l’appareil est légèrement plus important que celui des Boeing 737 et A320. Disposant d’un diamètre de fuselage de 4,06m et d’un diamètre de cabine de 3,81m: l’appareil surclasse le Boeing 737 (3,76 et 3,54m respectivement) ainsi que l’A320 (3,95m et 3,70m respectivement).
Cet accroissement permettra d’offrir une plus grande sensation de confort aux passagers et c’est un des arguments de vente mis en avant dans les qualités de l’avion.
La motorisation du MS-21-300 est fournie soit par le Pratt & Whitney 1428G fournissant entre 120 et 140 kN de poussée soit, à terme et selon les souhaits du client, par le nouveau moteur Aviadvigatel PD-14 fournissant 137,3 kN de poussée. Pour l’instant, le PD-14 étant toujours en phase de développement et de tests, le PW 1428G est le seul moteur proposé. Le MS-21-300 dispose d’une autonomie maximale de 6.000 Km tandis que celle du MS-21-200 passe à 6.400 Km.

D’un point de vue de l’électronique embarquée, le MS-21-300 dispose d’un cockpit ultra-moderne réalisé par Honeywell en collaboration avec Avionika. Les deux membres d’équipage disposent d’un cockpit « tout écran » composé d’écrans multifonctions à cristaux liquides, en option un « afficheur tête haute » (HUD) peut être installé, le pilotage s’effectuant via un stick latéral. En plus d’Honeywell, Thales et Elbit Systems ont participé à la fourniture des systèmes embarqués dans l’appareil.

Au niveau des commandes et des lettres d’intention; il y a 185 commandes fermes (ce nombre monte à environ 300 appareils si on prend en compte les options, lettres d’intention et marques d’intérêt) pour l’appareil avec le gros des commandes venant bien évidemment de la Russie. Il est évident que dans un contexte aussi concurrentiel que celui des appareils moyens-courriers avec les deux acteurs dominant que sont Boeing et Airbus couplé à l’arrivée du C919 Chinois: le MS-21-300 va devoir se trouver sa place sur le marché.

Si les économies annoncées pour l’appareil, on parle d’une augmentation de l’efficience (comparativement à un A320/B737) de 10 à 15%, sont réelles: alors ce dernier trouvera sa place sur le marché. Il ne faut pas s’attendre à un changement de paradigme avec le MS-21-300 mais le marché intérieur Russe est énorme et d’autres pays seront certainement intéressé par son prix d’achat attractif évalué à 91 millions d’USD (72 millions d’USD pour le MS-21-200). Il est évident que les sanctions Occidentales en vigueur et la politique du gouvernement Russe vont pousser les compagnies locales vers cet appareil.
Cependant, il reste à voir si la Russie sera capable de mettre en place un véritable service après-vente et une chaîne logistique capable de permettre une exploitation efficace de l’appareil à travers le monde.

Nous reviendrons régulièrement sur ce programme dans les semaines à venir.