[Actu] Variantes militaires de l’Antonov An-148
L’An-148-100 est un avion de transport régional moyen-courrier développé par Antonov sur base de l’An-74TK-300. Le programme fut lancé dans le courant des années 90 en vue de créer un appareil régional moderne capable de remplacer les An-24/Tu-134/Yak-40/Yak-42 encore en service. La production des trois premiers prototypes fut lancée en 2002 avant de déboucher sur un premier vol en date du 17 décembre 2004. Il fut certifié simultanément par l’Ukraine et la Russie en date du 26 février 2007.

L’appareil donnera naissance à une famille comprenant notamment l’An-158 (ou An-148-200) version rallongée de l’An-148-100 ainsi qu’à l’An-178 version cargo capable d’emporter 16 tonnes de fret.
L’An-148-100 est un appareil à ailes hautes disposant de deux réacteurs turbofans triples à haut taux de dilution Ivchenko-Progress D-436-148 (ce dernier dérivant du D-36 propulsant l’An-72/74). Le D-436-148 dispose d’une poussée fixée à 67 kN en vue de limiter l’usure du moteur et donc d’allonger sa durée de vie.

Le fuselage a une longueur de 29,13m, l’envergure de l’appareil est de 28,91m, la superficie de l’aile étant de 87,32m², la hauteur de l’appareil est de 8,19m, la MTOW (Masse Maximale au Décollage) varie de 38,5 T à 43,7 T (en fonction des versions) tandis que la charge utile varie de 9 à 9,8 tonnes. La vitesse de croisière de l’appareil s’établit (en fonction des profils de vol) à 825 Km/h et l’altitude maximale est de 12.200m.
Le rayon d’action de l’An-148 varie en fonction des versions et de la capacité de l’appareil. Antonov a développé pas moins de trois versions de l’An-148:
- An-148-100A disposant d’une autonomie de 2.100 Km
- An-148-100B disposant d’une autonomie de 3.500 Km
- An-148-100E disposant d’une autonomie de 4.400 Km
La capacité d’emport des appareils varie de 68 passagers en configuration « deux classes » à 85 passagers en configuration « une classe dense ». L’équipage se compose de deux membres (un pilote et un copilote), le cockpit étant du type « tout écran » (Glass Cockpit) disposant de 5 écrans LCD multifonctions.

La production de l’appareil était partagé entre l’usine AVIANT (Antonov) de Kiev et l’usine VASO (Ilyushin) de Voronezh en Russie. Il y a 40 appareils de ce type (si on compte les An-158) qui ont été produits pour plusieurs clients dont notamment l’Etat Russe et Cubana (la compagnie nationale Cubaine) qui sont les deux principaux employeurs de l’appareil.
Inutile de rappeler que la situation politique entre l’Ukraine et la Russie est des plus tendue ce qui a eu un impact conséquent sur les programmes militaires en cours entre les deux pays. L’An-148 se retrouve donc au milieu du conflit avec d’un côté un constructeur ukrainien qui dépend majoritairement de fournisseurs russes pour produire l’avion et de l’autre un constructeur russe qui ne dispose pas des moteurs nécessaires pour faire voler l’avion.

Ceci étant, les dirigeants d’Antonov ont bien compris que la survie de leur entreprise est intimement liée à sa capacité à se développer sur le marché international « hors Russie » (cette dernière était en effet son client principal à l’exportation). Après l’accord de collaboration signé entre la Chine et l’Ukraine au sujet de l’An-225 ainsi que l’accord de partenariat entre l’Arabie Saoudite et l’Ukraine sur l’An-132D et l’An-178, les ingénieurs d’Antonov ont mis au point un ensemble de variantes militaires de l’An-148.
Bien que certaines variantes militaires de l’An-148 soient dans les cartons depuis 2013 et présentées en novembre 2015, plus d’informations à leur sujet sont enfin disponibles.
C’est donc l’occasion de se pencher dessus en les passant en revue;
– An-148-201EA, la version VIP disposant d’une capacité de 31 passagers et d’une distance franchissable de 4.800 Km. Bien évidemment, l’aménagement intérieur est une « moyenne ». Le client pouvant l’adapter selon ses besoins.
– An-148-201EM, la version d’évacuation médicale (MEDEVAC) de l’An-148 disposant d’une capacité maximale de 75 passagers et d’une distance franchissable de 4.700 Km. En fonction de l’aménagement, l’appareil peut emporter 8 civières ainsi que 14 passagers assis.
– An-148-301MP, la version de patrouille maritime, développée avec les polonais du groupe PGZ, pouvant embarquer 10 membres d’équipage et disposant d’une distance franchissable de 7.000 Km. Cette variante serait à même d’assurer la patrouille maritime, la lutte anti sous-marine, la recherche en mer ainsi que la collecte d’informations. L’armement principal emporté par l’An-148-301MP consisterait en deux missiles anti-navires emportés sur pylônes montés respectivement sur chaque aile. La possibilité d’emporter des bouées ainsi qu’un pod canon sont également envisagées.

Les opérateurs disposeraient d’un poste de travail disposant de deux grands écrans LCD et d’un clavier.
– An-148-300ISR, la version de collecte d’informations et de recherche de l’An-148. Aucuns détails supplémentaires si ce n’est une infographie montrant un An-148 avec deux pods en extrémités d’ailes et une boule opto-électronique sous le nez de l’appareil.
– An-148-300EW, la version de guerre électronique de l’An-148. Encore une fois, peu d’informations disponibles si ce n’est que l’infographie montre un appareil doté de plusieurs antennes supplémentaires, d’une boule opto-électronique sous le nez, d’un carénage supplémentaire sur le dos et de pods aux extrémités des ailes.
– Une variante AWACS de l’An-148 dont le radar principal serait implanté au sommet de la dérive, à l’instar de ce qui fut fait sur le projet d’An-71.
L’ensemble des variantes citées ci-dessus ne relèvent pour l’instant que du domaine des réflexions et la situation économique actuelle de l’Ukraine et du constructeur Antonov ne donnent guère d’espoir.
Cependant, l’An-148 est une plate-forme de taille moyenne moderne, économique (comparativement aux productions « occidentales ») et polyvalente. Avec la collaboration d’un partenaire à même d’apporter les capitaux nécessaires pour la création des différentes variantes envisagées: des versions spécialisées de l’An-148 seraient à même de capturer certains marchés pour des pays n’ayant pas des moyens illimités (ou assimilés).
Le conflit opposant la Russie et l’Ukraine est également une mauvaise chose pour la Russie puisque l’An-148 répondait parfaitement à certains besoins locaux qui nécessitent donc le développement de solutions locales (avec les coûts que ça implique) pour le remplacer.