[Actu] Le S-400 à l’export?

Alors que le rééquipement ainsi que le déploiement au sein des forces armées russes du système de défense sol-air (SAM) S-400 continue à un rythme régulier et rapide, ce dernier vient de connaître son premier engagement sur un théâtre d’opérations extérieur avec le déploiement de deux batteries en Syrie. Certes, ces dernières batteries n’ont – officiellement tout du moins – pas encore (?) été employées par l’armée russe pour assurer des interceptions mais leur déploiement a suscité un fort intérêt auprès des médias occidentaux et russe.

Parfois présenté comme un « game changer » ou un moyen de protection surpuissant, le S-400 n’est, à l’instar de la furtivité dans le domaine aérien, qu’un outil à disposition des décideurs militaires et non un système magique disposant d’un bouton « j’ai gagné » une fois qu’il est employé. Cependant, le S-400 n’en reste pas moins un outil puissant à même de renforcer fortement un réseau A2/AD (Anti-Access/Area Denial) lorsque ce dernier est correctement employé et intelligemment intégré au sein d’un réseau multi-couches et redondant.

Il semble que le déploiement en Syrie du S-400 ainsi qu’une campagne de marketing agressive à son égard (parfois effectuée par des médias occidentaux qui le présentent comme un système formidable et impossible à leurrer) font que les clients étrangers s’intéressent de plus en plus à ce système et son potentiel à l’export est considéré comme important par l’industrie russe. L’état russe l’a bien compris et après avoir annoncé en 2007 que le système ne serait pas exporté « avant plusieurs années » (on peut y voir comme justification – en partie – la priorité accordée au rééquipement de l’armée russe), plusieurs pays ont rapidement fait preuve d’intérêt pour ce système sans toutefois passer de commandes.

Il faudra attendre 2011 pour assister au lancement des discussions les plus sérieuses et qui aboutiront à une première commande à l’export annoncée en avril 2015, celle-ci étant au bénéfice de la Chine.

Alors qu’une partie de la commande chinoise vient d’être livrée, il est temps de passer en revue les clients qui ont signés pour le S-400 et ceux qui sont en passe de le faire dans un avenir proche… ou moins proche.

République Populaire de Chine

Les premières marques d’intérêt de la Chine pour le S-400 remontent déjà à 2011 et à l’époque la Russie était hésitante par rapport à ce client potentiel notamment face au risque de rétro-ingéniérie du système qui verrait la Chine créer ses propres clones du système et donc diminuer les ventes potentielles à l’export.

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Système chinois HQ-9, système équivalent au S-300 (et variantes) qui sera complété par les S-400 en cours de livraison. Photo@?

En outre, les officiels russes ne voulaient pas autoriser une quelconque vente avant de disposer d’une capacité de production suffisante pour assurer leur propre rééquipement en priorité. Finalement c’est à la fin mars 2014 que le président russe, Vladimir Poutine, donna son feu vert pour l’exportation du système à la Chine ouvrant ainsi la voie à la vente qui sera confirmée par les autorités russes en avril 2015.

Chose assez curieuse avec cette commande, la Chine pas plus que la Russie n’ont communiqué sur le nombre d’unités commandées (ainsi que sur la valeur totale du contrat) se contentant de parler de l’acquisition de « systèmes S-400 ». Aucun détail n’a filtré sur cette commande en ce qui concerne les équipements ainsi que les types de missiles compris dans cette acquisition.

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Lanceur de missiles du système S-400. Photo@Wikipedia

Les premières livraisons du système à la Chine ont été annoncées en avril 2018; le tout se faisant par deux bateaux au départ du port de Ust-Luga, la livraison a rencontré quelques difficultés puisqu’un troisième navire transportant des équipements connexes a vu ces derniers être endommagés suite à une tempête en mer. Ces derniers seront remplacés dans le courant de l’été.

Pékin n’a pas encore communiqué (et il n’est pas certain qu’elle le fera) sur le lieu de déploiement prévu des S-400 chinois et il est assez intéressant de voir qu’il s’agit de la deuxième commande sino-russe au sujet de laquelle aucune information ou presque ne filtre (après les Su-35 au sujet desquels les informations sont des plus parcellaires).

Turquie

Deuxième pays à avoir signé le bon de commande des S-400: la Turquie. Cette commande pour le moins surprenante soulève plusieurs questions et a engendré une polémique conséquente au sein des pays de l’OTAN. En effet, partie intégrante de l’Alliance depuis le 18 février 1952, la Turquie dispose d’un équipement militaire composé quasi exclusivement de matériels occidentaux.

C’est pourquoi la nouvelle, annoncée en septembre 2017, de la commande de 4 batteries de S-400 par la Turquie pour un montant évalué à 2,5 milliards d’USD a créé pas mal d’émoi en Occident. Il est vrai que l’acquisition de matériel d’origine russe par Ankara a toujours été plus que marginal et une telle commande relève d’une double symbolique politique en actant de facto un rapprochement de plus en plus important entre la Turquie et la Russie ainsi qu’en envoyant un message clair aux alliés traditionnels que la Turquie désapprouve l’ingérence de certains dans ses affaires internes et dans ce qu’elle perçoit comme une menace pour son intégrité territoriale (c’est le cas du soutien apporté aux Kurdes).

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Bientôt aux couleurs turques: des véhicules lanceurs du système S-400. Photo@Soutfront.org

Ouvrons quand même une parenthèse par rapport aux acquisitions turques, en effet le pays n’en est pas à son coup d’essais en matière d’annonces surprenantes: en 2013 Ankara fit savoir qu’elle allait commander, pour un montant estimé de 3,4 milliards d’USD, le système de défense anti-aérienne DF-2000, variante à l’export du système chinois HQ-9. Les arguments mis en avant étant: coût d’acquisition moins élevé et possibilité d’importants transferts technologiques. Cette annonce provoqua pas mal de remous au sein de l’OTAN (déjà); au final cette commande tomba à l’eau en 2015, les transferts de technologie n’étant pas assez conséquent pour Ankara.

Contexte politique mis de côté, il est clair que la Russie a sauté sur l’occasion en proposant un package financier attractif (fournissant une partie du prêt permettant de financer cette acquisition), assurant la formation des techniciens turcs qui seront chargés de l’entretien des batteries et enfin en proposant une accélération des livraisons.

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Après la Russie et la Chine, la Turquie sera le 3ème pays à recevoir des S-400. Photo@Wikipedia

Initialement prévue pour le premier trimestre 2020, la Russie a fait savoir récemment que la production des équipements pour la Turquie a été lancée et que les premières livraisons sont avancées au mois de juillet 2019. Cette commande soulève également la problématique de l’intégration de des S-400 au sein de l’armée turque; le gouvernement américain a soulevé des objections sur la présence à terme à la fois de F-35 et de S-400 en Turquie avec le risque que la Russie dispose de données intéressantes au sujet du premier.

Partenaire depuis le 12 juillet 2002 au sein du programme JSF (Joint Strike Fighter – F-35), la Turquie disposera à terme de la capacité de produire l’appareil sous licence (ainsi que des pièces de ce dernier) au sein de l’usine TAI (Turkish Aerospace Industries) et une commande de pas moins de 100 appareils est envisagée. Des sénateurs américains souhaitent faire passer une loi interdisant la vente de F-35 à la Turquie suite à son acquisition des S-400, cependant au vu de la mise au point délicate du programme JSF et l’importance de la Turquie au sein du programme (que ce soit en tant que producteur et de client); ceci ressemblait initialement plus à une gesticulation politique qu’à une réelle menace, il semble néanmoins que les USA soient décidés à aller jusqu’au bout de l’idée. A l’heure de rédiger ces lignes, il se confirme quand même que le premier F-35A sera livré officiellement à la Turquie en date du 21 juin et ce malgré l’opposition croissante à cette livraison.

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Le premier F-35A turc. Photo@The Aviationnist

De manière assez compréhensible, la Turquie a rejeté les mises en garde américaines relatives à l’acquisition des S-400, le MoD turc allant même jusqu’à qualifier les mises en garde américaines comme étant du « chantage« . Certes, il y a là une guerre médiatique en cours et on voit que la Turquie en joue un peu, cette dernière s’étant même permise de chambrer les USA en indiquant son intention de faire l’acquisition à terme du S-500 et même de demander un transfert de technologie pour assurer la production de ce système en Turquie. Cette information a entre-temps été démentie par la Russie.

Les évolutions de la situation turque seront intéressantes à suivre surtout au vu des remous au sein de l’OTAN provoqués par cette commande et des conséquences éventuelles qui en découleront.

Inde

Client habituel et régulier des productions russes, il n’est donc pas surprenant que l’Inde ait marqué rapidement son intérêt pour le S-400; doté d’un processus décisionnel notoirement lent et inefficace, les discussions vis-à-vis de cette acquisition vont donc s’éterniser.

Il est difficile de suivre et comprendre le fonctionnement interne de l’Inde, par conséquent il est nécessaire de démêler un peu son fonctionnement pour mieux appréhender la lenteur locale (on parle parfois de « temps indien »);

  • En 2015, l’IAF (Force Aérienne Indienne) fait savoir qu’elle souhaite acquérir 12 bataillons de S-400 pour défendre les sites stratégiques indiens
  • En octobre 2015, le comité des acquisitions de défense indien donne une suite positive à cette demande de l’IAF tout en réduisant la cible à 5 bataillons
  • Le 2 novembre 2015, le MoD Indien de l’époque, Manohar Parrikar, notifie au gouvernement russe lors d’une visite à Moscou son intention d’acquérir le S-400
  • Le 22 décembre 2015, le Comité du Cabinet pour la Sécurité (CCS) donna son feu vert pour l’acquisition des S-400 par l’IAF.

On pourrait croire que ces discussions et nombreux feux verts déboucheraient sur une signature de la commande rapidement. Or il n’en fut rien, l’Inde et sa longue tradition de tracasseries administratives n’a à l’heure d’écrire ces lignes toujours pas signé le contrat.

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Le système de défense anti-aérienne à moyenne portée Akash, développé par l’Inde, sera complété par les S-400. Photo@idrw.org

Il semble cependant que les discussions sont sur le point d’aboutir puisque la cible totale de 5 bataillons ainsi que 6.000 missiles (dont le missile 40N6 à longue portée) devant l’équiper sont confirmés; en outre le montant de la commande est évalué à 6,2 milliards d’USD. Cette commande inclut également une partie de retombées pour l’industrie indienne puisque Reliance Industries Limited (RIL) sera chargé de l’entretien et du suivi du système en Inde.

A l’instar de ce qui se passe en Turquie, les USA ont également mis en avant que l’acquisition de S-400 aurait des conséquences potentiellement désastreuses sur les relations indo-américaines puisque toute achat de matériels militaires auprès de la Russie est une violation du CAATSA. Nonobstant cet « avertissement », l’Inde semble fermement décidée à poursuivre avec ce contrat vu l’importance du système pour le pays et en partie parce que l’Inde ne souhaite certainement pas voir le S-400 être proposé à la vente au Pakistan.

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Bientôt (enfin!) aux couleurs indiennes? Il faudra encore patienter. Photo@?

Il est également intéressant de noter que cette commande représente à l’heure actuelle la plus grosse commande (en terme de valeur) pour un système de défense anti-aérienne et dont le but clairement affiché par les autorités locales sera d’assurer la protection des sites stratégiques indiens face aux menaces chinoises et pakistanaises. La signature est maintenant annoncée pour le mois d’octobre lors d’un sommet bilatéral indo-russe.

Arabie Saoudite

L’Arabie Saoudite a créé la surprise en octobre 2017 en annonçant son intention (Memorandum of Understanding) d’acquérir le S-400; cette annonce fait suite à une visite du Roi Salmane en Russie et contient notamment l’achat de missiles anti-char Kornet ainsi que des lance-roquettes multiples du type TOS-1A, des transferts de technologie sont également envisagés dans ce cadre le tout pour un montant évalué à 3,5 milliards d’USD.

Outre le côté pour le moins étonnant de l’intérêt manifesté par l’Arabie Saoudite pour le matériel russe, ce pays étant quasi exclusivement équipé de matériels occidentaux, l’achat potentiel de S-400 a de quoi laisser perplexe vu les déclarations relatives à l’acquisition du système THAAD (système d’interception des missiles balistiques développé par Lockheed Martin) dans le cadre d’un contrat d’une valeur estimée à 15 milliards d’USD.

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Lanceur du système THAAD lors d’essais en 2013. Photo@Wikipedia

Le royaume saoudien n’a pas caché son intention de disposer – à terme – de la capacité de production sur son sol de matériels militaires et le réchauffement rapide des relations diplomatiques russo-saoudiennes ne sont certainement pas étranger à ce soudain intérêt pour les productions russes. En outre, il semblerait (conditionnel de rigueur!) que Riyad serait peu satisfait par l’efficacité des missiles Patriot face aux Scuds Houthis envoyés depuis le Yémen.

C’est la RSADF (Royal Saudi Air Defense Force), une des branches de l’armée saoudienne, qui a en charge la gestion des moyens de défense anti-aérienne déployés sur le territoire; équipée exclusivement de matériels occidentaux (dont notamment des batteries MIM-104 Patriot ainsi que des radars de recherche AN/FPS-117) l’acquisition ainsi que l’intégration du système S-400 et des radars spécifiques de ce système au sein du système saoudien a de quoi laisser perplexe. Il y a bien évidemment des raisons politiques derrière cette acquisition potentielle (comme dans presque tous les contrats militaires récents au Moyen Orient) mais il est quand même difficile de voir un réel intérêt opérationnel pour l’Arabie Saoudite dans le S-400. Cependant, les USA ont également averti les Saoudiens (et d’autres alliés) que l’acquisition de S-400 pourrait mener à des mesures de rétorsions éventuelles.

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Batterie du système MIM-104 Patriot. Photo@thearabweekly.com

Ceci ne semble pas inquiéter Riyad pour autant puisque des annonces récentes font état de l’avancement des discussions relatives à cet achat avec Moscou sans pour autant fixer de date de signature pour le contrat.

Qatar

Tout qui suit un peu l’actualité récente sait que le Qatar traverse actuellement une crise diplomatique aiguë avec de fortes tensions vis-à-vis de l’Arabie Saoudite, des Emirats Arabes Unis, de l’Egypte et de Bahreïn qui ont rompu les relations avec le pays et mis en place des mesures de rétorsions contre le pays, l’accusant de financer le terrorisme dans le monde.

Suite à ce blocus diplomatique et économique, le Qatar s’est lancé dans une vaste campagne d’acquisition de matériels militaires en variant les fournisseurs de manière à s’acheter des soutiens au sein de la communauté internationale. Outre l’acquisition de F-15QA (USA), de Typhoon (UK/Europe) et de Rafale (France), le Qatar a fait savoir en janvier 2018 qu’il était en discussion « avancées » avec Moscou pour l’acquisition de S-400. Ces discussions font suite à un accord de coopération militaro-technique signé entre le Qatar et la Russie en octobre 2017.

(U.S. Air Force Photo by Staff Sgt. Perry Aston)
Système MIM-104E Patriot de l’armée qatarie. Photo@media.defense.gov

Encore une fois, cette commande potentielle semble poser problème non pas à Washington mais à Riyad qui comme nous l’avons vu ci-dessus discute également l’acquisition de ce système pour ses forces armées. Les Saoudiens tentent de bloquer la vente de ce système par tous les moyens, ils ont même envoyé une lettre au président français pour tenter de raisonner Doha en précisant qu’il pourrait y avoir des frappes militaires si cette vente venait à se concrétiser.

En attendant, la Russie a déjà fait savoir début juin 2018 que sa position restait inchangée: elle fournira des S-400 au Qatar si la vente se conclut et ce peu importe l’opinion de Riyad. La même question que pour l’Arabie Saoudite de l’intégration des S-400 au sein du système de défense anti-aérienne qatari doit être soulevée: actuellement équipée de MIM-104E Patriot et ayant fait la demande pour acquérir des batteries du système THAAD, l’intégration du système russe au sein de ces équipements s’annonce complexe si tant est que ce soit réalisable.

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Un lanceur du système THAAD. Bientôt au Qatar et aux côtés des lanceurs du système S-400? Photo@?

Par contre, il semble évident que la réalisation d’une des deux commandes (Qatar ou Arabie Saoudite) aura plus que probablement un impact négatif sur l’autre; reste à voir sur quel cheval Moscou souhaitera miser.

Irak

Cliente historique des productions soviétiques, l’Irak post-Saddam Hussein avait changé de fournisseurs pour ses équipements militaires en faisant ses emplettes principalement aux USA. Après avoir constaté l’efficacité (relative, certes) des équipements soviétiques dans des conditions d’emploi difficiles et en l’absence d’une maintenance régulière; il semble que l’Irak ait fait le choix de s’approvisionner à nouveau et en partie tout du moins en Russie.

Après avoir fait l’acquisition de T-90S (73 chars commandés), de lance-roquettes multiples TOS-1A, de systèmes SAM ainsi que d’hélicoptères de transport et de combat; l’Irak a montré son intérêt pour le S-400 en vue de protéger certains sites stratégiques du pays.

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De la Place Rouge au centre de Bagdad? Peut-être dans un proche futur? Photo@?

Cette information a été confirmée en février 2018 par le ministre irakien des affaires étrangères, Ibrahim al-Jaafari, qui indiqua que des discussions étaient en cours entre Moscou et Bagdad pour l’acquisition du système. Sans rentrer dans les détails, il ne serait pas étonnant que cette acquisition s’inscrive dans un cadre plus large: Moscou souhaitant renforcer sa capacité d’influence dans la région en fournissant des équipements à des prix avantageux.

Il reste à voir si ces intentions seront suivis par des contrats mais il est évident que l’on observe ces dernières années une réorientation des acquisitions irakiennes vers les fournisseurs russes.

En conclusion

L’acquisition de S-400 par certains clients semble relever du parcours du combattant; la Russie ayant d’abord renâclé à autoriser la vente du système à l’exportation et ce pour des raisons de capacité de production, ces dernières étant à employer en priorité pour le rééquipement de l’armée russe.

En l’absence d’autorisation d’exportation, les clients pour le S-400 se sont néanmoins rapidement manifesté et la Russie ne resta pas insensible longtemps à l’apport important en devises qu’induit ce type de contrats. Il semble que la réputation médiatique dont bénéficie le système S-400 soit également un important vecteur de ventes et même si il n’y a pas encore eu d’emploi officialisé du système en situation de guerre (malgré sa présence en Syrie), son acquisition par certains pays pose pas mal de questions comme nous l’avons vu ci-dessus.

Evidemment, les principaux fournisseurs d’armes cherchent à vendre leurs productions et pour ce faire n’hésitent pas à employer tous les moyens disponibles pour bloquer ces ventes; le S-400 est exemplatif de cette situation. Pas moins de trois ventes actées et/ou en cours de négociation sont contestées:

  • L’Arabie Saoudite conteste la possibilité pour le Qatar d’acheter des S-400
  • La Turquie subit des pressions de la part des USA pour ne pas recevoir les S-400 (la commande étant déjà signée)
  • L’Inde a reçu les « objections » américaines relatives à l’acquisition des S-400 et ce par rapport à la législation CAATSA et son application

On sent donc une certaine fébrilité des Occidentaux par rapport au S-400 et si il est vrai que certains clients ainsi que leur nécessité de disposer d’un tel système sont discutables (notamment l’intégration d’un système russe complexe au sein d’une armée exclusivement équipée de matériels occidentaux); il n’en est pas moins vrai que les russes sont prêts à fournir à qui en fera la demande et ils ne rechignent pas à fournir sans se soucier des conséquences éventuelles.

A l’heure où la Russie se prépare activement à la mise en service du S-500 (système appelé à supplanter sur le long-terme les S-400) à l’horizon 2020 et en l’absence potentielle d’exportation de ce dernier durant les premières années de sa mise en service; inutile de préciser que le S-400 sera certainement amené à séduire d’autres clients dans les mois à venir et soulèvera toujours autant d’objections de la part de certains face à l’acquisition de ce système. Il est d’ailleurs assez amusant de constater que si le S-400 semble focaliser autant de crispations, il n’est rien dit sur l’ensemble des systèmes annexes appelés à le compléter pour lui offrir son efficacité optimale: ces derniers n’ont pas l’impact stratégique du S-400 néanmoins ils font partie intégrante de ce dernier et leur acquisition par des clients à l’export ne semble soulever aucune contestation…