[Actu] Le retour des missiles « Hermes »?

Messager des dieux du Panthéon grec, également dieu du commerce, des voyages et guide des âmes vers l’Au-Delà, Hermes a également donné son nom à un complexe de missiles polyvalents datant des années 1990 et dont le développement a été interrompu durant de longues années. Toutefois, des annonces récentes laissent penser que le projet a été sorti des cartons.

Développé par la société KBP Tula à partir des années 1990, l’Hermes est donc un système de missiles polyvalents destiné à détruire une grande variété de cibles (blindés, fortifications, navires légers, positions d’artillerie et/ou de systèmes anti-aérien, aéronefs lents, etc…) avec précision et doté d’une capacité « Fire and Forget » permettant au vecteur de pouvoir se retirer juste après le tir, réduisant alors sa vulnérabilité. Le système peut également interagir avec les drones et les systèmes de désignation « Malakhit« . Le missile en lui-même semble avoir été dérivé du 57E6E employé par le système anti-aérien Pantsir-S.

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Le missile Hermes-A. On notera la ressemblance frappante avec le missile 57E6 employé par le Pantsir-S. Photo@http://bastion-karpenko.ru.

Caractéristiques générales du missile Hermes:

  • Longueur totale en conteneur: 3,5 m (1,5 m pour le missile lui-même);
  • Diamètre de l’étage de propulsion: 170/210 mm;
  • Diamètre du missile seul: 130 mm;
  • Masse totale en conteneur: environ 110 Kg (130 Kg avec l’étage de propulsion de 210 mm);
  • Masse de la charge militaire: environ 27,5 Kg (dont près de 13 Kg de charge explosive);
  • Portée maximale: de 15 à 20 Km/100 Km avec l’étage de propulsion de 210 mm;
  • Vitesse maximale: environ 1000 m/s (1300 m/s avec l’étage de propulsion de 210 mm);
  • Vitesse de croisière: environ 500 m/s;
  • Système de guidage en phase de vol: inertiel et/ou par radio suivant la portée de tir;
  • Système de guidage terminal: autodirecteur (laser semi-actif, bien que des autodirecteurs infrarouges ou radar soient également avancés).

Plusieurs variantes de l’Hermes ont été développées en fonction du vecteur:

  • L’Hermes-A est destiné aux aéronefs d’attaque au sol et principalement les hélicoptères de combats dont notamment le Ka-52 qui peut transporter jusqu’à 16 lanceurs mais également le Su-25 pourrait également bénéficier de ce missile dont la portée s’établit entre 15 et 20 Km;

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    Les composants généraux du système Hermes-A. Image@kbp tula.
  • L’Hermes-S est la version terrestre du système (déclinable en version de défense côtière), qui est alors embarqué sur une plate-forme à roue KAMAZ pouvant transporter 24 missiles dont la porté peut être poussée à près de 100 Km avec l’installation de l’étage de propulsion de 210 mm. Le véhicule porteur peut intégrer -ou non- un système de détection et de désignation des cibles.

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    Par ailleurs, un véhicule de contrôle doté d’un système radar (et potentiellement opto-électronique) monté sur mât peut être intégré à l’ensemble pour faciliter la détection des cibles.

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    Un véhicule de contrôle de tir pouvant être intégré aux batterie d’Hermes-S. Image@kbp tula.
  • pour finir, l’Hermes-K a été conçu pour pouvoir être monté sur des unités navales légères, deux types de supports sont disponibles: à savoir un support simple pour 4 lanceurs et un système CIWS AK-306 modifié avec l’emport de 4 lanceurs. Là encore, la porté peut être augmentée à 100 Km avec l’emploi de l’étage de propulsion de plus grande dimension.

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L’Hermes-A est la version la plus aboutie du système, le système ayant en effet passé les étapes de tests en 2003. Un Ka-52 équipé de ces missiles a par ailleurs été dévoilé pour la première fois lors du salon MAKS-2007.

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Un Ka-52 doté de quatre lanceurs Hermes-A présenté lors du salon MAKS-2007. Photo@Said Aminov.

Toutefois, depuis cette période, il n’y eu plus aucune nouvelle concrète en ce qui concerne le développement et la mise en service du missile; si la production en série de ce dernier était censée débuter à partir de 2011-2012, les prévisions ne se sont tout simplement pas concrétisées, bien qu’il ait été fait mention à plusieurs reprises de la possibilité du Ka-52 à recevoir cet armement, allant même jusqu’à indiquer que le missile allait être testé en condition réelle en Syrie… ce qui ne semble (logiquement) pas avoir été le cas.

Pour ce qui est des versions terrestre et maritime, la question ne se pose même pas, puisque aucune de ces deux variantes n’a subi le moindre tests… D’ailleurs, fait anecdotique mais témoignant en partie de la « mise à mort » du programme, seule la fiche technique de l’Hermes-A est disponible sur le site du fabriquant, les deux autres ayant été supprimées…

Cependant il semblerait que ce système revienne désormais au goût du jour, notamment suite aux RETEX (RETours d’EXpériences) du conflit syrien soulignant l’importance des armements de haute précision. C’est en effet à la date du 12 octobre dernier qu’une nouvelle est parue au sujet du développement d’un nouveau type de missile surnommé « Iskander de poche« , destiné à offrir des capacités de frappes de haute précisions à longue portée pour les divisions terrestres.

Malgré ce que le nom pourrait laisser croire, le missile n’a strictement rien en commun avec le système 9K720 eu égard à ses caractéristiques. En premier lieu, le missile n’aura pas une trajectoire de type balistique et celle-ci peut être modifiée par l’opérateur si besoin. Par ailleurs, le système pourra bénéficier des moyens de reconnaissances et de contrôles tels que les drones et le complexe de commandement, de contrôle et de communications (C3) Стрелец (Strelets, soit Sagittaire). On peut également supposer qu’un désignateur laser peut être employé pour le guidage terminal du missile.

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Un système 9K720 lors du salon ARMY-2016. Malgré son surnom, le nouveau système de missile sol-sol sera complètement distinct de l’Iskander. Photo@Vitaly.V.Kuzmin.

En ce qui concerne les caractéristiques à proprement parler du système, il s’agirait d’un missile d’une portée maximale de 100 Km pouvant être embarqué sur des véhicules blindés Tigr ou Taïfun et devant servir à la neutralisation d’une large variété de cibles, que ce soit les centres de commandements, les aérodromes (du moins des objectifs précis basés sur les aérodromes), les batteries anti-aériennes ou d’artilleries, les véhicules blindés et les fortifications.

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Un KAMAZ-53949 Taïfun-K lors d’une répétition du défilé militaire de la Victoire de 2018. Avec le 4×4 Tigr, ce type de véhicule pourrait être équipé du nouveau système de missile sol-sol. Photo@Vitaly.V.Kuzmin.

Pour ce faire, il est prévu de doter le système de différents type de munitions avec des charges explosive, à sous-munitions, « perforantes » (comprendre à charge creuse) et également des charges pour détoner en profondeur dans le sol pour neutraliser des cibles enfouies.

Alors que le développement du système vient à peine débuter, les informations énoncées dans l’article, notamment en ce qui concerne les caractéristiques du missile, sont étonnamment proche du complexe Hermes-S et permettrait aux forces terrestres de bénéficier d’un moyen de frappe de précision à longue portée et pouvant se déplacer et se retirer rapidement du fait de son montage sur des plates-formes automotrices.

Par ailleurs, l’Hermes-A serait toujours d’actualité si on se base sur une nouvelle au sujet d’un projet de modernisation de l’hélicoptère de combat Ka-52; plus précisément, ledit missile serait toujours en phase de tests et ferait partie des modifications apportées au Ka-52 modernisé.

Un tel armement permettrait à celui-ci de pouvoir frapper une cible avec précision à plus longue distance; pour rappel la portée de l’Hermes-A est comprise entre 15 et 20 Km, là où le système 9K121 Vikhr-M (employé en Syrie) est limité à 10 Km suivant les conditions et donc hors de portée des MANPADS et des systèmes anti-aériens de courte portée, diminuant alors la vulnérabilité de l’hélicoptère.

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Un Ka-52 déployé en Syrie en février 2017 équipé du système 9K121 Vikhr-M. Photo@Syrian Armed Forces.

Alors qu’aucune date n’a été précisée dans les articles, ce qui laisse le flou en ce qui concerne la durée de développement de ces systèmes et leur mise en service au sein des forces russes, il semble toutefois que le programme Hermes (et son successeur sol-sol) a été ressuscité, du fait des possibilités offertes par ces systèmes, permettant de frapper plus loin (voir dans la profondeur de l’ennemi pour le nouveau système basé au sol), et donc en s’exposant le moins possible aux ripostes adverses tout en garantissant de plus grandes chances de succès. Et nous aurons amplement le temps de pouvoir revenir sur les futures annonces concernant ces projets sur le blog.