[Actu] Le Sukhoï Su-35 en Chine

Alors que le Sukhoï Su-35S vient de gagner son deuxième client à l’exportation avec l’Indonésie, les actualités relatives au – très discret – premier client à l’export de l’appareil se sont accumulées ces dernières semaines.

C’est le 25 décembre 2016 que les quatre premiers Su-35 ont été réceptionnés par la PLAAF (People Liberation Army Air Force) marquant ainsi le début des livraisons faisant suite à la commande de 24 appareils passée en novembre 2015. Les premières photos des appareils chinois sont apparues sur Internet vers la fin du mois de janvier 2017.

Entre-temps, les informations relatives aux Su-35 (sans suffixe, puisque c’est une variante très légèrement modifiée pour la Chine) ont été des plus parcellaires. Affectés depuis leur arrivée en Chine au sein de la 6ème brigade de l’armée de l’air chinoise et basés à Suxi dans le sud de la Chine; les Su-35 portent un camouflage quasiment identique à celui employé sur les appareils russes, exception faite des nuances de bleu qui sont plus claires ceci s’expliquant par l’emploi des appareils qui doit se faire principalement au-dessus de zones maritimes.

Quatre Su-35 chinois en formation

Les cinq Su-35 suivants ont été livrés le 3 juillet 2017 et suivis par cinq autres en date du 30 novembre 2017. La dotation actuelle des Su-35 chinois s’élève donc à 14 appareils, le solde des 10 appareils de la commande de 2015 devant être livré pour la fin de 2018 au plus tard. Lorsque la question des Su-35 en Chine avait été abordé pour la première fois sur le blog en janvier 2017, la mission des Su-35 était encore soumise à questionnement: il n’en est plus rien. De récents exercices réalisés par les militaires chinois indiquent que les appareils sont employés pour assurer l’escorte des bombardiers H-6(K) ainsi que les appareils de guerre électronique. De plus, si l’on se base sur les informations de l’excellent blog d’Henri K. East Pendulum; l’autonomie très importante des Su-35 est très utile pour atteindre les bastions chinois implantés sur les récifs des Paracels et des Spratleys.

La Chine qui a toujours été très silencieuse sur la question des Su-35 semble avoir enfin décidé de communiquer sur ce dernier; en date du 7 février, les premières images officielles des appareils en mission ont été publiées sur le compte Weibo de l’armée chinoise. Dans le cadre de cette communication, on apprend notamment que les appareils sont envisagés comme chasseurs lourds multi-rôles capables d’assurer des missions air-air et air-sol; ce qui en soit n’est guère une surprise puisque le Su-35 est vendu comme tel par la Russie.

D’un point de vue technique, on remarque sur les photos des appareils qu’ils disposent tous des pods ECM Khibiny aux extrémités des ailes, alors que les premières photos ayant fuités sur Internet montraient l’inverse. De plus, le numéros portés par les quatre premiers appareils reçus (23063-23066) ont été modifiés par la suite pour correspondre à la brigade à laquelle ils sont rattachés.

Un Su-35 chinois vu au décollage avec la post-combustion enclenchée

Si les raisons de l’achat des Su-35 par la Chine soulèvent plus de questions qu’ils n’en apportent et ce que ce soit pour des raisons techniques, politiques ou opérationnelles; la Chine semble satisfaite de ses appareils et n’hésite plus à les mettre en avant même si l’appareil est moins exposé que d’autres productions locales plus modernes.

Des rumeurs récentes publiées dans la presse faisaient état d’une hypothétique commande supplémentaire de Su-35 pour la Chine mais rien ne permet d’aller en ce sens pour l’instant. Il est vrai que les relations sino-russes sont bonnes mais la commande de Su-35 avait été agrémentée par un « ce seront les derniers appareils importés par la Chine« . Avec la fin de la production des appareils pour la Chine, la commande à livrer dès 2019 pour l’Indonésie; de la capacité de production va se libérer au sein de l’usine KnAAZ et en l’absence de commandes à l’export supplémentaires, les Russes seraient ravis de pouvoir fournir des appareils supplémentaires à la Chine.

Certainement la première photo « claire » d’un Su-35 chinois

Enfin, avec un seul régiment de Su-35 disponible pour assurer la couverture et les patrouilles en mer de Chine du sud, on est en droit de se demander si ce n’est pas un « peu juste » pour remplir ces missions et disposer de suffisamment d’appareils opérationnels. Bien que les Su-35 ne soient pas les seuls à pouvoir assurer ces missions dans la flotte aérienne chinoise, on se trouve en présence d’une « micro-flotte » pour un pays comme la Chine; il reste donc à voir si ces appareils seront réellement les derniers importés pour la PLAAF ou non.