[Actu] Le défilé militaire du jour de la Victoire du 24 juin 2020 à Moscou

Défilé militaire incontournable depuis de nombreuses années, le défilé du Jour de la Victoire en Russie se déroulant sur la Place Rouge -pour le cas de Moscou- est en effet un événement permettant de mettre en avant une partie de l’équipement militaire des forces armées parmi les plus modernes (on se souviendra de la parade de 2015 où avaient été présentés pour la première fois les blindés basés sur les plate-formes Armata, Kurganets-25 et Bumerang). Et l’année 2020 ne fait pas exception à la règle … du moins en théorie : alors que cette année représente les 75 ans de la fin de la Seconde Guerre mondiale -en Europe-, la situation sanitaire liée au COVID-19 a entraîné un certain nombre de modifications puisque la parade n’a pas eu lieu lors du 9 mai comme de coutume et seul un défilé aérien eu alors lieu. La parade fut donc reportée ultérieurement et finalement fixée au 24 juin, une date qui reste tout de même symbolique puisque le tout premier défilé de la Victoire eu lieu le 24 juin 1945.

Et passé la formation initiale composé de blindés historiques avec les T-34-85 (probablement les exemplaires reçus récemment en provenance du Laos) et les Su-100, cette année fut alors l’occasion de voir un nombre important de matériel terrestres défilant pour la première fois sur la Place Rouge ; alors que certains d’entre-eux ne sont pas inconnus ici car abordés à plusieurs reprises, une partie a cependant pu être observée pour la première fois et nous allons donc nous intéresser à ces matériels ; cet article ne s’intéressera pas spécialement au caractéristiques techniques des engins, le but étant de réaliser une présentation sommaire de ces différents matériels (et nous les aborderons dans l’ordre dans lequel ils ont défilés).

Les KAMAZ Taïfun-K 4×4

Premiers véhicules abordés, les MRAP Taïfun-K en configuration 4×4 étaient subdivisés en trois modèles / variantes, chacun étant représentés par trois véhicules durant la parade:

  • Le KamAZ-53949 équipé d’une mitrailleuse 6P57 Kord de 12,7×108 mm (une 6P50 doté du support pivotant 6U16) -à noter que le servant est protégé par un bouclier de protection, élément qui n’est pas très répandu sur les engins russes jusqu’à maintenant- ;
  • Le même KamAZ-53949 cette fois-ci doté d’un module téléopéré 5ETs16U doté d’une mitrailleuse 6P49 Kord);
  • Enfin le KamAZ-4386 Taïfun-VDV doté d’une tourelle téléopérée 32V01 équipée d’un canon automatique 2A42 de 30*165 mm et d’une mitrailleuse coaxiale 6P7K PKTM de 7,62*54 mm.

Si le KamAZ-53949 n’est plus un inconnu des défilés depuis 2018, il s’agit en revanche de la première fois où ce MRAP défile avec un armement, tandis que le Taïfun-VDV défile quant à lui pour la première fois, son entré en service étant tablée sur cette année.

Au premier plan le KamAZ-53949 doté de la mitrailleuse 6P57, au centre deux KamAZ-53949 doté du module 5ETs16U, à l’arrière plan deux KamAZ-4386. Photo@Mil.ru.

BMP-2M

Le BMP-2M, dont le contrat de modernisation a été signé en 2017 tandis que les premiers exemplaires ont été livrés à partir de 2018, est donc une modernisation assez importante du BMP-2 d’origine en ce qui concerne la conduite de tir (sans rentrer dans les détails, le tireur et le commandant bénéficient chacun d’un viseur thermique) et l’armement (l’adjonction d’un lance-grenade AGS-17 téléopéré et de quatre lance-missiles anti-char 9K135 Kornet-EM) prenant place dans la tourelle Berezhok. Ce sont sept exemplaires qui ont défilé à Moscou lors du 24 juin.

Un BMP-2M le jour du défilé. Photo@Said Aminov.

2S38 Derivatsiya-PVO

Blindé anti-aérien basé sur le châssis du BMP-3 présenté officiellement pour la première fois lors du salon ARMY-2019, le 2S38 Derivatsiya-PVO est conçu plus spécifiquement pour la lutte anti-drones légers et autre aéronefs à courte portée grâce à son module téléopéré AU-220M en configuration lourde équipé du canon 2A91 de 57 mm doté de 148 obus et qui, à terme, devrait recevoir des obus à détonation programmable (ou Air-Burst) ainsi que des « obus » guidés (il s’agira plus probablement de missiles légers); une munition APFSDS pour la lutte anti-blindé devrait compléter la gamme des munitions modernes de 57 mm. La tourelle est également dotée d’une mitrailleuse 6P7K pour la protection rapprochée tandis que deux optiques OES OP biélorusse (contre un seul sur l’engin présenté à ARMY-2019) permettent de détecter, d’identifier et d’acquérir un objectif. Le véhicule est par ailleurs doté d’un détecteur d’alerte laser sur le côté gauche de la tourelle ainsi qu’une antenne dont la fonction n’est pas encore connue.

Un 2S38 Derivatsiya-PVO lors d’une répétition du défilé ; à noter que le bloc optique à l’avant de la tourelle a été remplacé par un second OES OP. Photo@Vitaly.V.Kuzmin.

Alors que trois véhicules ont défilé le 24 juin, l’engin n’est pas encore prêt à entrer en service, ceci n’étant pas prévu avant 2022.

B-11 Kurganets-25 avec la tourelle Epoch

Ce véhicule n’est plus une nouveauté en soi car présenté en grandes pompes avec les blindés de la plate-forme Armata et Bumerang lors du défilé de 2015, les trois B-11 ayant défilés ont vu cependant le montage d’un nouveau module téléopéré désigné 32B01 Epoch (à ne pas confondre avec la tourelle Bumerang-BM qui est souvent désignée ainsi), qui est également prévue pour équiper les BMP-3 (un contrat à ce sujet ayant été signé en 2017, les engins étant toujours attendus) et potentiellement les BMP-2.

Un des B-11 doté du module Epoch lors d’une répétition. Photo@Vitaly.V.Kuzmin.

Si la tourelle Epoch est relativement similaire à la tourelle Bumerang-BM en apparence, elle s’en distingue néanmoins grandement dans ses systèmes optiques et surtout sur son armement. Sur ce dernier point le 2A42 de 30 mm est en effet remplacé par un canon de 57 mm court dont l’index GRAU serait 2A94; si nous avions indiqué en 2017 qu’il s’agissait d’un canon à basse vélocité ou du moins à basse pression, il semble toutefois être en mesure d’employer -outre des obus explosifs (potentiellement programmables) 3OF91– des munitions APFSDS désignée 3BM76 ce qui lui offrirait tout de même des capacités anti-blindé non négligeable face aux IFV adverses. Le module se distingue également par sa mitrailleuse 6P7K qui a été déplacé dans un tourelleau indépendant à l’avant de la tourelle ainsi que par le montage d’un lanceur repliable pour huit missiles 9M134 Bulat, ce missile s’avérant être une version miniaturisée du Kornet (qui est toujours présent à raison de quatre lanceurs) sans que les performances ne soient connues pour le moment.

Il est possible que le module Epoch soit finalement la tourelle équipant le B-11 lorsque ce dernier entrera en production de série en lieu et place de la tourelle Bumerang-BM, mais ceci reste une hypothèse pour l’heure.

T-15 Armata avec la tourelle AU-220M

Le T-15 a lui aussi été dévoilé durant la parade du 9 mai 2015, toutefois et contrairement aux autres blindés de nouvelle génération (excepté les versions APC du Kurganets-25 et du Bumerang), il n’avait alors jamais fait de réapparition au cours des défilés militaire suivants.

Il aura donc fallu attendre 2020 pour que le T-15 réapparaisse lors de ce défilé traditionnel sous une forme présentée au cours du salon ARMY-2018 : en effet la tourelle Bumerang-BM laisse donc désormais sa place au module AU-220M -et non Kinzhal comme il est parfois possible de le lire- « classique » par opposition au module lourd équipant le 2S38, ainsi le canon n’est pourvu que de 80 obus tandis que la cadence de tir maximale est de 80 coups / min. contre 120 pour le Derivatsiya-PVO ; de manière similaire à la tourelle Epoch il s’agit ici très probablement d’une maquette vu l’absence des optiques et des systèmes annexes comme les lance-grenades fumigènes 902V Tucha. Par ailleurs les deux missiles 9M120 Ataka-T sont désormais placés au sein d’un carénage pour apporter une protection minimale aux missiles comme ce que l’on peut observer sur le BMPT.

Un T-15 doté du module AU-220M lors d’une des répétition du défilé. Photo@Vitaly.V.Kuzmin.

T-80BVM

Dernière modification en date du T-80BV avec la pose d’un blindage réactif Relikt, du viseur thermique Sosna-U, d’une turbine GTD-1250TF de 1250 ch conçue pour réduire sa consommation en carburant ainsi que par la pose du canon 2A46M-4 et d’un chargeur automatique modifié pour l’emploi de projectile plus long, le T-80BVM n’en est toutefois pas à son premier défilé, celui-ci ayant eu lieu en 2018 … mais à Mourmansk au sein des troupes de marine et dans une configuration incomplète, les protections additionnelles latérales n’étant pas présentes. Dix exemplaires auront alors l’honneur de défiler sur la Place Rouge cette année avec l’ensemble du kit de protection.

Un T-80BVM sur la Place Rouge le 24 juin dernier. Photo@Mil.ru.

T-90M Proryv-3

Le T-90M Proryv-3 connait également sa première participation au défilé militaire de la Victoire. Modernisation lourde du T-90A, le T-90M est en effet doté d’une tourelle profondément modifiée doté d’une large variété de système (optiques thermiques tant pour le tireur que pour le commandant, caméras, détecteurs d’alerte laser, antenne de navigation satellite, etc.). La protection est renforcée avec l’ajout de blindage réactif Relikt tant sur la partie frontale que latérale, de blindage-cage ainsi que d’un filet devant apporter une protection supplémentaire au niveau de l’anneau de tourelle contre les munitions à charge-creuse ; la motorisation étant pour sa part désormais assurée par le V-92S2F de 1130 ch. Enfin le 2A46M laisse sa place au 2A46M-5 plus précis et à la durée de vie plus importante tandis que le chef de char bénéficie d’une mitrailleuse 6P49 Kord téléopérée.

Trois T-90M lors d’une répétition du défilé. Photo@Mil.ru.

Il s’avère que les six exemplaires qui ont défilés le 24 juin font partie du premier lot de  T-90M livré en avril dernier dans le cadre des différents contrats signés en 2017 et 2019.

BTR-82AT

Généralement, les différentes formations d’artilleries ou de systèmes anti-aériens qui défilent sont précédées par un BTR-82A. Si ceci n’a pas réellement changé cette année, le BTR-82A laisse cependant sa place au profit du BTR-82AT. Présenté durant le salon ARMY-2018 lors des démonstrations dynamiques, le BTR-82AT consiste principalement en l’installation du viseur thermique TKN-4GA-03 permettant d’améliorer les capacités d’observation et de destruction des objectifs, ceci s’accompagnant de la disparition du projecteur laser PL-1-01 au-dessus du canon 2A72 de 30 mm. Par ailleurs l’année dernière au salon ARMY-2019 un BTR-82AT fut présenté avec une protection renforcée composée d’un blindage-cage recouvrant la partie frontale et latérale du blindé et de plaques d’acier de haute dureté.

Un BTR-82AT en route vers le centre de Moscou ; les points de fixations pour la surprotection étant bien visibles ici. Photo@Said Aminov.

Il était alors avancé que la modernisation (et la production) du BTR-82AT pourrait être lancée rapidement après la signature d’un éventuel contrat, ce qui semble à présent chose faite puisque dix BTR-82AT étaient présents lors du défilé. Ces derniers possédaient par ailleurs les supports permettant la pose du surblindage.

9K515 Tornado-S

Le 9K515 Tornado-S (plus précisément le véhicule de combat 9A54 sur châssis MAZ-543(M) est un lance-roquette multiple lourd basé sur le 9K58 Smerch à qui il doit succéder en intégrant plusieurs améliorations devant renforcer son potentiel comme le montage d’une antenne de navigation satellite située sur le toit de l’engin et d’une conduite de tir automatisée. Le développement de ce système s’accompagne également par la mise au point et la production de la roquette 9M542 d’une portée maximale de 120 Km, le développement de nouvelles roquettes à la précision et à la portée améliorée étant en développement.

Un 9A54 Tornado-S  lors de la première répétition « nocturne » à Moscou. Photo@Said Aminov.

Malgré le fait que les premiers exemplaires aient été livrés à la mi-2017, il faudra toutefois attendre ce défilé pour que l’engin soit officiellement présenté au public il est apparu auparavant dans un reportage de TV Zvezda concernant les LRM Tornado.

9K317M Buk-M3

Dernière itération en date du système Buk, le 9K317M Buk-M3 est entré en service au sein des forces armées russes au cours de l’année 2016 et a donc participé pour la première fois cette année au défilé militaire de la Victoire. Par rapport à ses prédécesseurs, le Buk-M3 voit l’adoption du nouveau missile 9M317M. Présentant des dimensions plus réduites par rapport aux missiles précédent,  six missiles peuvent alors être embarqués au sein d’un 9A317M (le TELAR du système 9K317M, il existe également une version TEL désignée 9A316M capable d’embarquer 12 missiles) contre quatre pour les versions antérieures tandis que ses performances ont été sensiblement améliorées avec notamment une portée maximale poussée entre 70 et 75 Km, les probabilités de toucher ainsi que la résistance au brouillage étant également augmentées. Enfin une division complète de Buk-M3 est capable de prendre pour cible jusqu’à 36 objectifs simultanément.

Un TELAR 9A317M Buk-M3 le jour du défilé à Moscou. Photo@Said Aminov.

S-300V4

Le S-300V4 est la version la plus moderne -il est entré en service au sein des forces russes en 2014- du S-300V, une version du système anti-aérien éponyme conçue pour assurer la protection à longue portée des forces terrestres et plus particulièrement des centres de commandement; le châssis étant alors le GM-830 basé sur celui de l’artillerie automotrice 2S7, lui-même étant un lointain dérivé du châssis du char T-80. Lors du défilé de 2020 deux configuration ont été présentées:

  • Le TELAR 9A83M doté de quatre silos pour l’emport du missile 9M83M conçu pour faire face à des objectifs manœuvrant tels que les avions, missiles de croisières et éventuellement missile balistique de courte portée (la portée maximale du missile n’est pas spécifié)
  • Le TEL 9A84M-1 doté quant à lui de deux silos destinés à employer le missile 9M82M d’une portée de 200 Km et plus adapté à l’interception de cible balistique (par ailleurs sa vitesse maximale est nettement plus importante avec 2600 m/s contre 1700 m/s pour le 9M83M) ainsi que le missile 9M82MD permettant d’atteindre un objectif à une portée maximale comprise entre 350 et 400 Km.

TOS-2

Nous l’avions abordé brièvement il y a quelques mois, le TOS-2 Tosochka devait donc être un système de lance-roquettes multiple à courte portée devant employer des munitions thermobariques se distinguant du TOS-1A actuel par l’emploi d’une plate-forme à roue -celle du Tornado-U en configuration 6×6 était avancée- moins protégée mais plus mobile, le système étant couplé à l’emploi de nouvelles roquettes à la portée de tir plus lointaine (qui pourront également être utilisée par le TOS-1A) : une information précédente indiquait d’ailleurs les tests de roquettes d’une portée de 9 Km lors d’exercices. Le défilé militaire de 2020 a donc été l’occasion d’observer quatre exemplaires de ce système pour la première fois … et ce que l’on peut en voir confirme les dernières informations à son sujet.

Deux TOS-2 sur la Place Rouge à Moscou lors du défilé du 24 juin. Photo@Mil.ru.

Alors que le châssis est effectivement celui du Tornado-U, le véhicule est globalement très proche du brevet présenté en janvier : ainsi le lanceur placé à l’arrière possède une capacité de 18 roquettes thermobariques -le calibre reste probablement le 220 mm- contre 24 pour le TOS-1A, cependant le TOS-2 doit compenser ce nombre de roquette plus faible par une capacité de rechargement améliorée avec l’adjonction d’une grue sur le côté gauche du lanceur pour faciliter cette opération et réduire sa dépendance à des systèmes de rechargement dédiés ; des roquettes supplémentaires semblent être embarqués dans un casier situé à droite du lanceur. Par ailleurs le système voit également une amélioration de la conduite de tir notamment avec la pose d’un optique sur le toit de l’engin au coté d’autres systèmes -par exemple huit lance-grenades fumigènes 902V- .

Le TOS-2 devrait voir son développement s’achever dans un laps de temps relativement court désormais avec la réalisation des tests étatiques en cours et la livraison d’un lot pilote attendu pour 2021.

ISDM

L’Инженерная система дистанционного минирования (ISDM, que l’on pourrait traduire par Système d’Ingénierie pour le Minage à Distance) fut très vaguement abordé ici dans un article en date de 2018 sous l’appellation Zemledeliye : il devait alors s’agir d’un LRM particulier car dédié à la création de champ de mines depuis une distance respectable, et le système est donc enfin dévoilé au cours de cette année, initialement en mars avec des conceptions 3D puis lors de ce défilé et de ses répétitions.

L’ISDM lors d’une répétition du défilé. Photo@Vitaly.V.Kuzmin.

L’ISDM est donc basé sur le châssis du KamAZ-6350 en configuration 8×8 sur lequel prend place deux blocs de 25 roquettes de 122 mm chacun -soit un total de 50 roquettes- dont la portée de tir devrait s’établir entre 5 et 15 Km. Ces roquettes contiennent un ensemble de mines (tant antipersonnel qu’antichar) qui, selon les propos officiel, seraient d’un nouveau type et « respecteraient la Convention de Genève » en ce qui concerne l’aspect d’auto-destruction des mines passé une certaine période ; il est encore trop tôt pour juger de cet aspect sans même parler de la crédibilité de la chose. Toujours est-il que l’ISDM serait un bon moyen de déployer un champ de mine particulièrement dense en un temps limité, le tout à une certaine distance de sécurité. L’ISDM possède par ailleurs des lance-grenades fumigènes 902V pour pouvoir se couvrir en cas de besoin. A noter que le défilé à également vu défiler des engins de rechargement dédié.

Le véhicule de rechargement et de transport de munitions conçu pour l’ISDM. Photo@Said Aminov.

Pantsir-SM

Le Pantsir-SM a été abordé l’année dernière sur ce blog lors de sa présentation officielle durant le salon ARMY-2019 : il s’agissait ainsi d’une version lourdement modernisée du Pantsir-S avec l’emploi d’un châssis KamAZ-53958 dont la cabine est protégée des munitions de petits calibres et des éclats et voit également son autonomie maximale sur route passer à 1.200 Km. De plus, le Pantsir-SM se caractérise par l’emploi de nouveaux systèmes radars aux performances accrues ainsi que par la mise en oeuvre de nouveaux missiles, à savoir le 57E6M d’une portée maximale de 40 Km et qui serait apte à la destruction de cibles dont la vitesse se situe en début de régime hypersonique (Mach 5) et un autre missile de petite dimension devant assurer la destruction des petits drones à très courte portée (moins de 10 Km), ceci reprenant notamment les RetEx du conflit syrien.

Un Pantsir-SM lors d’une répétition du défilé. Photo@Vitaly.V.Kuzmin.

Tandis que les tests étatiques le concernant doivent s’achever en 2021 selon les prévisions, deux systèmes ont défilés durant cette parade. Ceci a par ailleurs été l’occasion de pouvoir observer les nouveaux missiles destinés à la lutte contre les drones de faibles dimensions (il est vrai que des images permettaient déjà d’avoir une idée sur ceux-ci) : ainsi chaque Pantsir-SM était doté d’un silo embarquant quatre de ces missiles ce qui, suivant la configuration d’armement choisie, permettrait de faire face à une attaque de saturation par des drones.

Un meilleur plan du nouveau missile miniature conçu pour la défense terminale, notamment contre les drones. Photo@Said Aminov.

S-350 Vityaz

Le S-350 Vityaz est un nouveau venu dans la défense anti-aérienne russe sur le segment de la moyenne portée. Présenté l’année dernière sur le blog lorsque le système était annoncé comme devant entrer en service d’ici la fin de 2019, ce qui fut effectivement le cas, il aura tout de même fallu patienter jusqu’au début de 2020 pour que le système entre effectivement en service au sein du centre de formation de Gatchina localisé près de Saint-Pétersbourg. D’ici 2023 les forces russes devraient recevoir quatre « ensembles » de S-350 selon les termes d’un contrat signé au début du mois de juin dernier. Si le S-350 est composé d’une variété de sous-systèmes, nous nous intéresserons ici au TEL 5P60 qui ont donc défilé à raison de quatre TEL. Celui-ci est conçu sur le châssis BAZ-6909 sur lequel est installé douze silos pouvant accueillir trois type de missiles, chacun étant optimisé pour une plage de distance (et d’altitude) précise :

  • Le 9M96E2 d’une portée maximale de 120 Km et un plafond de 30 000 m ;
  • Le 9M96 d’une portée de 40 Km et un plafond de 20 000 m ;
  • Enfin le 9M100 d’une portée de 15 Km et un plafond de 8 000 m.
Un des 5P60 du système S-350 lors d’une répétition nocturne à Moscou. Photo@Said Aminov.

3K60 Bal

Pour terminer la liste des matériels présents pour la première fois nous ferons mention du système anti-navire 3K60 Bal, faisant lui aussi l’objet d’un article plus détaillé ici. A noter que dans le cas présent ce sont l’ensemble des éléments du système qui ont défilé, à savoir :

  • Deux véhicules de commandement et de contrôle ou SKPUS (Самоходный командный пункт управления и связи) doté du radar 3TS-25 ;
  • Deux TEL accueillant huit missiles Kh-35 / Kh-35U, ce dernier étant un missile subsonique d’une portée maximale de 260 Km contre 130 Km pour la version de base ;
  • Deux engins de rechargement et de transport de missiles au profit des TEL.

Les trois engins étant basés sur le châssis MZKT-7930.

Avant de conclure, deux remarques peuvent être faites :

  • Deux types d’engins liés aux Forces Stratégiques n’ont finalement pas défilés le 24 juin alors qu’ils étaient présents lors des répétitions, à savoir le 15M107 Listva conçu pour le déminage en amont des systèmes RS-24 Yars ainsi que le 15V240M MOBD (Машина обеспечения боевого дежурства, soit Véhicule de Soutien et de Préparation au Combat, là encore au profit des ICBM).
  • Si la parade de Moscou est certainement la plus importante, cela ne signifie pas que les autres parades soit dénuées d’intérêts à l’image de celle ayant eu lieu à Toula dans lequel à pu être observé le nouveau blindé d’observation et de reconnaissance PRP-5 Mars-2000 basé sur le BTR-82.
Le PRP-5 Mars-2000 lors du défilé militaire de la Victoire de Toula. Photo@?

Ainsi et en dépit de la situation sanitaire particulière qui a amené à décaler le défilé, ce dernier a donc finalement été maintenu, l’importance de cet événement (sur le plan social comme politique) en Russie n’y étant pas étranger ; de ce point de vue on notera ainsi le maintien des troupes étrangères au sein de la parade, principalement en provenance des pays de l’ex-URSS ainsi que des forces indiennes et chinoises. Par ailleurs du fait de la date symbolique (les 75 ans de la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe) de gros moyen ont été mis en oeuvre durant ce défilé, que ce soit sur le plan quantitatif (l’ensemble des modèles de chars « modernes » de l’armée russe ayant par exemple participé) ou en ce qui concerne les nouveaux matériels terrestres présentés, ces derniers étant encore en développement pour la plupart d’entre-eux et devrait commencer à entrer en service dans les années à venir ; bien évidemment les matériels désormais familiers avec cette parade ont « répondu présent », comme le T-72B3M / obr.2016, le T-14, les 2S19M2 et 2S35, le S-400 et autres.