[Dossier] Le BMD-4M : le renouveau des blindés aéroportés

Introduction

Le BMD-4M (БМД, pour Боевая машина десанта, pouvant se traduire par Véhicule de Combat Aéroporté) est un blindé adapté pour les Troupes Aéroportées Russe (ВДВ en cyrillique, pour Воздушно-десантные войска), devant à la fois transporter et soutenir grâce à son armement les escouades de parachutistes, avec une mobilité et une capacité de déploiement importante.

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BMD-4M en démonstration lors de ARMY-2017. Photo@Vitaly.V.Kuzmin.

Adopté au service actif en 2016, il doit permettre de renouveler le parc de blindé des VDV encore majoritairement équipé de BMD-2, dont la production a commencé en 1985 et reprenant en grande partie l’architecture du BMD-1 datant de 1968.

Le remplacement des BMD-1 et BMD-2 ne va cependant pas se dérouler comme prévu avec plusieurs événement qui vont fortement ralentir l’acquisition d’un nouvel engin. Finalement, la mise en service du BMD-4M va rajeunir fortement le parc de blindé des VDV dans un contexte où les forces aéroportées sont en train de revenir sur le devant de la scène militaire russe.

Le BMD-2, un engin imparfait

Le BMD-2 est un IFV (Infantry Fighting Vehicle) léger reprenant la base du BMD-1 en tenant compte des retours d’expériences de ce blindé durant le conflit en Afghanistan, permettant au VDV d’obtenir un blindé apportant une capacité d’appui-feu plus importante aux troupes parachutées que son prédécesseur.

Le blindé, conçu et produit par l’Usine de Tracteur de Volgograd (VGTZ), voit sa production débuter en 1985 et il est toujours en service actuellement au sein de l’armée russe, avec entre 850 et 1000 blindés en service.

Caractéristiques générales

Le BMD-2 est un blindé de petite taille avec une longueur de 5,4m (5,9 si l’on ajoute le canon), une largeur de 2,6m, une hauteur comprise entre 1,6m et 1,9m suivant la garde au sol sélectionnée et il pèse environ 8,2 tonnes.

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BMD-2. Photo@Vitaly.V.Kuzmin.

Il peut être transporté via voie aérienne par la plupart des avions de transport lourd soviétiques et par l’hélicoptère de transport Mi-26, de plus il peut être largué avec son équipage par des avions de types An-12, An-22 et Il-76.

L’équipage se compose de deux personnes, le tireur qui se trouve seul dans la tourelle et le conducteur qui prend place juste devant la tourelle. Il peut transporter une escouade de 5 parachutistes (dont le chef de char, qui sert également de chef d’escouade) qui sont installés directement derrière le panier de la tourelle. Ils peuvent entrer et sortir du blindé via une trappe située à l’arrière de l’engin.

Le moteur est placé à l’arrière du véhicule juste derrière l’emplacement destiné aux parachutistes: ces derniers ne disposant que d’un espace réduit suite à cette configuration.

Enfin, la suspension est de type hydropneumatique permettant de faire varier la garde au sol; ceci étant utile pour faciliter l’embarquement dans un aéronef de transport et pouvant réduire la hauteur de l’engin sur un terrain stable et sec.

Armement

L’armement du BMD-2 est le changement fondamental par rapport au BMD-1. En effet, le canon sans recul 2A28 Grom de 73mm équipant ce dernier laisse place au canon automatique 2A42 de 30mm avec une dotation de 300 obus.

La dotation en munitions est panachée entre des obus explosifs et perforants, notamment l’obus APDS (Armour Piercing Discarding Sabot) 3UBR8 perforant jusqu’à 35mm de blindage à 1000m sous un angle de 60° selon les test soviétiques, avec une cadence de tir de 200 à 300cps/min en cadence faible et de 500 à 800cps/min en cadence haute.

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Canon automatique 2A42. Image@kbptula.ru.

Si la puissance brute est en baisse: le 2A42 supplante largement le 2A28 du fait que le 2A42 possède une élévation du tube largement plus importante. Là où le 2A28 possède une élévation de +30° maximum, le 2A42 peut pointer à +60°  : ainsi, le BMD-2 peut tirer sur des cibles en hauteur. Il s’agit d’ailleurs d’un enseignement tiré de l’Afghanistan, où les BMD-1 ne pouvaient riposter face aux Moudjahidins retranchés sur les hauteurs montagneuses.

Le canon dispose d’un stabilisateur 2E36-1 qui, en mode semi-automatique, permet d’accélérer la rotation de la tourelle pour un usage anti-aérien ou pour cibler un objectif situé en hauteur, au prix d’une perte de précision.

Le système de visée est composé du viseur principal BPK-2-42-01 et du viseur destiné à la lutte anti-aérienne PZU-8, dépendant de l’élévation du canon, permettant une visée jusqu’à +85°.

L’armement est complété par un rail de missiles anti-char 9P135M monté sur la tourelle, ce dernier pouvant utiliser les missiles 9M111 Fagot, 9M111-M Faktoria, 9M113 Konkurs et 9M113-M Konkurs-M, portant à 4000m et perforant 800mm de blindage et 750mm après un contact avec du blindage réactif.

Pour sa défense rapprochée, le BMD-2 dispose d’une mitrailleuse coaxiale PKT de 7,62mm, et deux armes similaire PKB de chaque côté de la caisse, celles-ci sont actionnées par le chef d’escouade.

Mobilité

Le BMD-2 est équipé du moteur diesel 5D20 de 240 ch., ce dernier étant amplement suffisant pour les 8,2 tonnes du blindé; il permet de disposer d’un ration poids/puissance d’environ 29.

Le BMD-2 est un blindé possédant une bonne mobilité, il est capable d’atteindre une vitesse maximale de 60km/h, et il dispose d’une capacité amphibie lui permettant  de s’affranchir des cours d’eau et des lacs à une vitesse maximale de 10km/h.

Enfin, il est doté d’un système de parachute PRSM-916 lui permettant d’être largué directement avec son équipage  par un avion de transport, comme l’IL-76 ou l’An-22 jusqu’à 1500m au dessus du sol.

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BMD-2 avec parachute PRSM-916. Photo@Vitaly.V.Kuzmin.

Protection

Le BMD-2 se devant d’être le plus léger possible pour pouvoir être largué depuis un avion de transport, la protection du blindé a été largement sacrifiée.

En effet, le blindage du BMD-2 n’est conçu que pour résister aux armes de petits calibres et aux shrapnels causés par les obus d’artillerie à une certaine distance, avec un blindage en aluminum à haute dureté pour la caisse, et en acier pour la tourelle.

Ainsi, la protection frontale peut résister aux mitrailleuses lourdes de 12,7mm, tandis que blindage latéral protège le blindé face aux armes de petits calibre (7,62mm maximum) à plus de 125m.

Fondamentalement, le BMD-2 s’avère être un blindé avec une protection légère, le rendant vulnérable à un grands nombre d’arme au combat.

Cependant, le BMD-2 peut compter sur sa discrétion découlant de ses faibles mensurations, ceci lui permettant de ne pas être pris pour cible rapidement et ça gêne donc les tireurs ennemi.

Modernisation

En vue de donner un « coup de jeune » à moindre coût aux VDV, une version modernisée désignée BMD-2M a été dévoilée en 2014 après plusieurs années de développement (dès 2012, un premier projet de modernisation est proposé). Un contrat semble avoir été signé la même année concernant la modernisation de 200 exemplaires jusqu’à la fin de 2017.

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BMD-2M. Photo@Vitaly.V.Kuzmin.

Fruit de plusieurs année de développement, les principales modifications de cette version sont l’ajout de deux lances-missiles anti-char pouvant tirer le missile 9K135 Kornet-EMinstallés sur le côté droit de la tourelle.

Ce missile, dernière variante du Kornet, a la possibilité de toucher une cible blindée à près de 8000m et 10 000m pour une cible fixe telle qu’une fortification, tout en ayant une capacité « Fire and Forget » : le BMD-2M peut se mettre à couvert dès que le missile a été tiré, celui-ci étant verrouillé sur la cible.

Plusieurs types de munitions sont disponible avec des munitions HEAT (High Explosive Anti-Tank, dénomination anglophone de la charge creuse) en tandem, comme le 9М133М-2 pouvant perforer 1300mm de blindage (1100mm après blindage réactif) ou des munitions thermobariques, comme le 9M133FM-3 conçues pour venir à bout des fortifications et des cibles molles .

Par ailleurs, le canon se voit doter du stabilisateur modernisé 2E36-6 ainsi que d’une conduite de tir modernisée, comprenant un viseur thermique améliorant la capacité de toucher une cible de jour comme de nuit, même lorsque le blindé se déplace.

Enfin, l’engin est équipé de lances-fumigènes 902V, lui permettant de se retirer derrière un écran de fumée en cas d’engagement défavorable.

Le BMD-3, la « succession » au plus mauvais moment.

Si le BMD-2 possède certaines qualités, avec le 2A42 entre autre et est dans les années 1980 un engin récent; sa base est tirée de celle du BMD-1 dont la production débute en 1968 et dont l’ergonomie peut être largement améliorée en vue d’améliorer le confort des soldats embarqués et augmenter l’efficacité au combat du véhicule.

D’ailleurs, le nouveau blindé aéroporté est envisagé dès le début des années 80 soit avant la production du BMD-2 et ce, dans le but de remplacer dans un premier temps le BMD-1 dont l’armement est obsolète, et à terme les BMD-2.

Deux configurations étaient alors envisagées :

  • La première configuration est celle d’un blindé reprenant l’armement du BMP-3 alors en développement pour les besoins des forces terrestres; à savoir, une tourelle équipée d’un canon à basse pression de 100mm et d’un canon coaxial de 30mm.
  • La seconde configuration retenue reprend la tourelle du BMP-2, qui possède un armement similaire au BMD-2, mais possédant une configuration biplace, permettant d’améliorer la répartition des tâches au combat.

La seconde proposition, plus légère (12,5 tonnes, contre 18 tonnes pour le premier projet), permettant de pouvoir placer 3 véhicules dans la soute d’un Il-76 contre deux pour son concurrent. L’efficacité de cette proposition fut jugée supérieure et elle va être retenue pour le développement du nouveau blindé aéroporté, toujours conçu par VGTZ. Entre 1985 et 1986, 6 prototypes désignés alors объект 950, vont voir le jour.

Cependant, ce n’est qu’en 1990 que la production en série débute sous l’appellation BMD-3. Mais les plans initiaux visant à commander plusieurs centaines de BMD-3 vont être mis à mal par la situation critique des années 90 qui va fortement impacter les programmes militaires : beaucoup de projets vont être stoppés ou annulés du fait du manque de moyens financiers.

Le BMD-3 n’échappera pas à la règle et aux centaines d’engins prévus, seuls 137 blindés vont sortir des chaînes de montage avant un arrêt définitif de production en 1997. Par ailleurs, du fait du manque d’entretien, les engins vont connaître des problèmes de fiabilité ce qui va entraîner son abandon progressif.

A l’heure actuelle, il semblerait que le BMD-3 ne soit plus en service ou alors avec un nombre extrêmement réduit d’engins.

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Le BMD-3. Photo@Vitaly.V.Kuzmin.

Caractéristiques générales

Le BMD-3 reprends donc les caractéristiques fondamentales des BMD, à savoir un poids et des dimensions contenues pour pouvoir être transporté ou largué par un avion de transport.

Cependant, le BMD-3 présente de plus grandes dimensions que son prédécesseur, avec 6m de long ( 6,3m avec le canon ), 3,1m de large et une hauteur comprise entre 2,1m et 2,4m en fonction du réglage de la suspension, là encore hydropneumatique. De fait, le poids grimpe désormais à 13,2 tonnes en ordre de combat.

Le blindé possède un équipage de 3 hommes: le tireur et le chef de char dans la tourelle et le conducteur se trouvant devant celle-ci dans la caisse. Du fait d’une taille supérieure, le BMD-3 peut embarquer une escouade de parachutistes plus importante, avec jusqu’à 7 soldats (4 lors d’un largage) se trouvant autour du panier de la tourelle.

Armement

L’armement du BMD-3 est donc assez similaire à celui du BMD-2, à savoir le 2A42 de 30mm alimenté avec 500 obus, pouvant s’élever à +75° et stabilisé par le stabilisateur 2E36-4, une PKT coaxiale de 7,62mm et le rail 9P135M pour les lances-missiles anti-chars, identiques à ceux employés par le BMD-2.

La principale différence va s’opérer dans l’armement de la caisse : là où le BMD-2 était équipé de deux mitrailleuses PKB implantées de chaque côté de la caisse, le BMD-3 voit l’installation d’une RPK-74 de 5,45mm montée sur une rotule, sur le côté droit de la caisse, et surtout d’un lance-grenade AGS-17 Plamya de 30mm sur le côté gauche, alimenté par 10 chargeurs de 29 grenades chacun.

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AGS-17, ici monté sur un trépied. Photo@Vitaly.V.Kuzmin.

L’AGS-17, avec une cadence de tir de 400cps/min et une portée maximale théorique de 1700m, est une arme pouvant aussi bien apporter un appui efficace aux parachutistes qu’à défendre le blindé en cas d’attaque de l’infanterie ennemie. Ces deux armes sont actionnées par les soldats embarqué se trouvant à l’avant de l’engin.

Mobilité

Sur le plan de la mobilité, le BMD-3 voit la pose du moteur 2V-06-2 de 450ch, lui octroyant alors un rapport ch/t de 34 ce qui est une valeur très élevé pour un blindé et ceci lui permet des accélérations et une réactivité très importante tout en lui donnant une vitesse maximale sur route de 70km/h ( 45km/h en tout-terrain ).

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Le moteur 2V-06-2. Photo@ArmyGuide.

La capacité amphibie est conservé avec une vitesse de 10km/h, tout en ayant la possibilité de s’affranchir d’un état de la mer de niveau 3 (soit une mer peu agitée).

Enfin, un nouveau système de parachute, le PBS-950, a été spécialement conçu pour le BMD-3, plus lourd que ses prédécesseurs et permettant aux soldats d’être directement embarqués dans le blindé lors du largage : auparavant, seul l’équipage pouvait être installé dans le blindé pendant la descente.

Le seul changement dans la protection du BMD-3 étant l’ajout de lance-pots fumigène 902V, on n’étayera pas plus sur cette partie.

BMD-4, puis BMD-4M : « le » blindé marquant la modernisation des VDV

Pour autant, l’échec du BMD-3 ne va pas remettre en question la volonté de trouver un successeur aux BMD-1 et au BMD-2.  Et-ce dès l’arrêt de la production du BMD-3.

Le nouveau projet, désigné объект 960, reprend la base du BMD-3 avec une nouvelle tourelle conçu par Tula Instrument Design Bureau (KBP). Désignée « Bakhcha-U« , cette tourelle reprend le système d’arme du BMP-3, projet qui était déjà envisagé sur le concurrent du BMD-3.

Les travaux vont donc débuter en 1997, et en 2001, les premiers tests de cette tourelle monté sur le châssis du BMD-3 vont être lancés. Le 31 décembre 2004, l’engin est adopté sous la désignation BMD-4 et en mai 2005, le premier lot de blindés de série est remis aux forces aéroportées. La production de BMD-4 est partagé entre la livraison d’exemplaires totalement neuf et par la modernisation d’un certain nombre de BMD-3 avec l’ajout de la nouvelle tourelle.

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Le BMD-4. Photo@Vitaly.V.Kuzmin.

Le BMD-4 partage de forte similitude avec le BMD-3 de par la plate-forme similaire et les composants mécaniques à l’instar du moteur 2V-06-2 identique aux deux variantes. Ainsi, les performances sont semblable, avec une vitesse légèrement moindre  de 67,5km/h du fait de la hausse de la masse, qui s’établit à 13,6t. Le BMD-4 est toujours servi par un équipage de 3 hommes, mais en revanche, il ne peut embarquer au maximum que 4 soldats.

Le nouveau blindé connait toutefois une forte augmentation de  la puissance de feu, grâce à à la combinaison des canons de 100mm et de 30mm permettant d’appuyer efficacement les parachutistes face aux points d’appui ennemi, tout en permettant le tir de missiles anti-chars sans devoir exposer le tireur.

Le blindé n’est cependant pas exempt de défauts qui vont gêner sa carrière opérationnelle, avec notamment des problèmes de fiabilité. Le nombre de BMD-4 produit n’est pas connu avec certitude, mais une soixantaine d’exemplaires au maximum ont été fabriqué. En effet, la mauvaise fiabilité de l’engin, couplé avec la mise en faillite de VGTZ en 2005, va finalement amener en 2010 à l’abandon du BMD-4 et de la production des véhicules basés sur le BMD-3 et notamment le 2S25 Sprut-SD dédié à la lutte anti-char.

En 2008, KurganMachZavod qui conçoit déjà les véhicules de combat d’infanterie pour le compte de l’armée de terre  va développer une version amélioré du BMD-4 reprenant au maximum les composants en provenance du BMP-3. Ainsi, le BMD-4M partage près de 80% de ses éléments avec celui-ci, réduisant les coûts et le temps de développement du blindé, d’autant plus qu’il reprend aussi la tourelle Bakhcha-U. Par ailleurs, le BMD-4M va démontrer lors des tests une meilleure fiabilité que son prédécesseur.

Pour autant, en 2012, son avenir est encore incertain : en cause, plusieurs haut responsables de la défense remettent en question l’utilité d’un tel véhicule, comme le chef d’état-major Nikolaï Makarov, qui considère le BMD-4M comme un « BMP-3 sans protection au même coût qu’un char« . Plus laconique, le vice-ministre de la défense Aleksandr Suhorukov déclarait que cet engin « ne correspondait pas aux exigences requises par le département militaire », et qu’en conséquence, il ne sera pas commandé.

Pourtant, à la fin de 2012 la décision est finalement prise en faveur de la conservation du programme : le BMD-4M sera bien adopté par les forces aéroportées. Le développement va donc continuer, avec la livraison d’engins de pré-série modernisés en 2014 et en 2015, dont ceux qui participeront au Défilé militaire de la Victoire le 9 mai.

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BMD-4M à la répétition du Défilé militaire de la Victoire en 2015 . Photo@Vitaly.V.Kuzmin.

Finalement, il faudra attendre le printemps 2016 pour que le BMD-4M entre officiellement en service et vers la fin de l’année, deux bataillons reçurent leurs BMD-4M. En 2017, deux autres bataillons doivent en être dotés, à raison de 31 exemplaires par bataillon.

Enfin, en avril 2017, une version modernisée est révélée sous la dénomination de BMD-4M Sinitsa et sera officiellement exposé lors de l’important salon ARMY 2017.

La principale modification apportée sur cette variante est le changement de la tourelle Bakhcha-U par la tourelle Sinitsa, qui est semblable à celle équipant le BMP-3.

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BMD-4M Sinitsa exposé à ARMY-2017. Photo@Vitaly.V.Kuzmin.

Outre la rationalisation sur les composants avec celui-ci, cette tourelle serait moins coûteuse et se caractérise par la pose d’un nouveau viseur panoramique doté d’une imagerie thermique pour le chef d’engin, lui permettant de mettre en œuvre l’armement par tout-temps et de pouvoir engager les cibles aériennes.

Actuellement, il semblerait que le BMD-4M Sinitsa soit en train de passer des tests préliminaires.

Caractéristiques générales

Le BMD-4M est un blindé léger pesant environ 14t et possédant des dimensions similaires au BMD-3, avec seulement une différence sur la hauteur: le BMD-4M mesure 2,7m de haut au maximum, avec la possibilité de la faire varier grâce aux suspensions de type hydropneumatique.

Au niveau visuel, le BMD-4M reprend l’aspect du BMP-3 avec la partie frontale supérieure d’un seul tenant et ce au contraire des formes plus anguleuses et « cassées » des BMD-3 et BMD-4.

Le blindé est toujours servi par un équipage de 3 hommes, mais un soldat supplémentaire peut embarquer dans celui-ci du fait du volume interne augmenté, portant alors le nombre de soldats transportables à 5 au maximum.

L’agencement interne reste assez similaire à ses prédécesseurs avec le commandant et le tireur placés dans la tourelle, le pilote installé à l’avant du blindé et les troupes embarquées se trouvant autour du panier de la tourelle.

Le moteur est implanté à l’arrière du véhicule.

Armement

L’armement du BMD-4M est impressionnant compte tenu de son poids et de sa catégorie et il a la possibilité de faire face à la plupart des menaces sur le champ de bataille.

En effet, la tourelle Bachka-U est dotée d’un canon à basse pression 2A70 de 100mm doté de 34 obus et dont le chargeur automatique permet d’atteindre une cadence de tir d’environ 10cps/min, permettant d’appuyer lourdement l’infanterie grâce à l’emploi d’obus explosif tel que le projectile 3F070 employant la munition 3UOF19 de 15,8Kg et portant jusqu’à 7000m.

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Canon à basse pression 2A70. Image@kbptula.ru.

Par ailleurs, le canon peut employer le système de missiles anti-chars 9K116-3 pouvant faire usage de divers missile dont le missile 9M117M1 doté de la munition 3UBK23-3 à charge en tandem capable de perforer 750mm de blindage et après blindage réactif à 5500m.

Le BMD-4M est aussi équipé d’un canon coaxial 2A72 de 30mm, doté de 500 obus perforant et explosif. Si l’arme emploie les mêmes projectiles que le 2A42, celui-ci se distingue par sa masse plus légère (84Kg, contre 115Kg pour le 2A42), son recul plus faible et sa cadence de tir réduite à 400cps/min au maximum ce qui en fait une arme privilégiée pour les blindés légers et en tant qu’arme secondaire.

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Canon automatique 2A72. Image@kbptula.ru.

Enfin, pour la défense rapprochée, une mitrailleuse PKTM coaxiale est également implantée.

Ces trois armes sont montées sur un système d’arme stabilisé et unifié 2K23, permettant une hausse des armes de -6° à +60°, conférant alors une capacité de tir sur des cibles en hauteur ou contre des cibles aériennes.

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Le système d’arme unifié 2K23. Image@kbptula.ru.

Pour mettre en oeuvre cet armement, une conduite de tir moderne a été installée, avec le système d’optique Redut, comprenant entre autre un viseur thermique pour le tireur pouvant mesurer une distance jusqu’à 10 000m, et un viseur pour le chef de char possédant des performances similaires et permettant à celui-ci de pouvoir mettre en oeuvre l’armement.

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Le viseur thermique du tireur du système Redut. Image@kbptula.ru.

Mobilité

Le BMD-4M est propulsé par le moteur UTD-29 de 500ch partagé avec le BMP-3. Les performances de l’engin connaissent une légère hausse, avec une vitesse maximale s’établissant à un peu plus de 69Km/h et un rapport ch/t s’établissant à 35,7ch/t.

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Moteur UTD-29. Image@?

Les capacités amphibies reste similaire à son prédécesseur, avec deux hydro-jets permettant d’atteindre la vitesse de 10Km/h.

Pour pouvoir être largué par avion de transport, le BMD-4M est doté d’un parachute PBS-950U pouvant servir au largage de véhicule d’un poids inférieur à 14,5 tonnes.

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BMD-4M avec le parachute PBS-950U. Photo@Vitaly.V.Kuzmin.

Protection

La protection du BMD-4M ne change pas fondamentalement des autres BMD, le blindage en aluminium ne protégeant donc que des munitions de petit calibre, tout au plus des obus de 23mm à longue distance.

En revanche, la survie de l’équipage est améliorée grâce à l’adjonction de pares-éclats diminuant les risques en provenance des éclats de métal suite à un coup pénétrant dans le blindage pour les membres d’équipage.

Le BMD-4M peut se couvrir derrière un écran de fumée via 6 lanceurs fumigène 902V installé sur la partie avant de la tourelle.

Enfin, un kit de surblindage est disponible, améliorant la protection sur la partie frontale de la caisse et les flancs du véhicule contre les armes de petits calibre.

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BMD-4M avec kit de surblindage. Photo@Vitaly.V.Kuzmin.

Les blindés dérivés

Le BMD-4M n’est pas qu’un simple véhicule de combat d’infanterie : le BMD-4M apporte en effet un châssis unique, qui voit et va voir le développement de blindés destinés à différentes utilisations.

Ce principe de plate-forme universelle permet d’économiser les coûts de développement des nouvelles variantes, du fait des éléments mécaniques commun et de rationaliser la logistique des pièces détachées, là encore profitable à l’économie, mais aussi sur le champ de bataille.

D’ailleurs, cette standardisation des blindés sur des plates-forme universelle est reprise sur les nouvelles générations de blindés, avec la plate-forme Armata, Kurganets-25 et Bumerang.

Ainsi, le BMD-4M va notamment partager sa plate-forme avec les blindés suivant :

– Le BTR-MDM Rakushka est un APC (Armoured Personal Carrier) destiné au transport de troupe et de ravitaillement devant succéder au désormais vieillissant BTR-D reprenant la base du BMD-1 et basé sur un projet similaire, le BTR-MD, qui reprend pour sa part le châssis du BMD-3.

Présenté pour la première fois lors de la neuvième édition du Russian Arms Expo en automne 2013, les premiers exemplaires furent livrés en mars 2015 avant de participer deux mois plus tard à l’important défilé militaire de la Victoire sur la Place Rouge le 9 mai, avec une entrée en service officielle au printemps 2016, comme le BMD-4M.

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BTR-MDM Rakushka. Photo@Vitaly.V.Kuzmin.

Le blindé, pesant 13,2 tonnes, est mis en oeuvre par un équipage de deux hommes, le conducteur et le chef de char, et peut transporter jusqu’à 13 parachutistes ou 2 tonnes de fret dans une superstructure possédant un volume important.

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Schéma montrant l’emplacement des personnels du BTR-MDM. Schéma@militaryrussia.ru.

Pour l’armement, au vu de son rôle, il n’est que très légèrement armé, avec deux mitrailleuse de 7,62mm PKT, l’une placé en configuration anti-aérienne, l’autre installé dans la superstructure avant.

Pour compléter sa protection,  des lances-pots fumigènes 902V Tucha sont installés sur la superstructure avant.

Plusieurs variantes seraient prévues, avec notamment des versions de commandement, de poste de communications et d’ambulance. Par ailleurs, une version de recherche d’éléments NBC, désignée RXM-5M, doit voir sa production et sa livraison aux troupes aéroportées débuter en 2018.

-Le 2S25M Sprut-SDM-1 est un blindé léger destiné à la lutte anti-char devant succéder au 2S25 Sprut-SD, dont il en reprend la configuration générale, mais la caisse est désormais une version allongée de celle du BMD-4M. Le blindé pèse environ 18 tonnes et son équipage est de 3 hommes. Son entrée en service est supposée être en 2018.

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2S25M Sprut SDM-1. Photo@Vitaly.V.Kuzmin.

Le 2S25M est donc doté d’une tourelle semblable à celle de son prédécesseur équipé du 2A75M de 125mm, conçue pour équiper les blindés légers. Cette arme reprend les améliorations apportées par le 2A46M-5 : le canon est donc plus précis et peut tirer des projectiles plus récents pour faire face aux chars modernes.

La dotation en munition du 2S25M est composée de 40 obus répartis entre des obus explosifs, à charge creuse, perforants et le missile anti-char 9K119 Refleks, dont 22 sont prêts à l’emploi dans le chargeur automatique, autorisant une cadence de tir de 7 à 8 cps/min.

L’armement est mis en oeuvre par une conduite de tir numérique moderne intégrant entre autre un viseur thermique Sosna-U  conçu par la firme biélorusse Peleng, installé par ailleurs sur les chars russe moderne, permettant de détecter une cible jusqu’à 5000m de jour, et à 3500m durant la nuit, avec un télémètre intégré et permettant le guidage des missiles anti-chars.

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Viseur thermique Sosna-U. Photo@Vitaly.V.Kuzmin.

Pour l’armement secondaire, le 2S25M est équipé d’une mitrailleuse PKTM de 7,62mm coaxiale et une autre mitrailleuse de même type télé-opérée installée sur la tourelle

Enfin, des lances-pots fumigènes 902V Tucha sont installés sur la partie avant de la tourelle.

– Le 2S42 Lotus est un mortier automoteur dévoilé récemment, en juin 2017 et dont les travaux semble avoir débuté en 2016. Il doit devenir le remplaçant du projet 2S36 Zauralets-D, alors conçu pour succéder au 2S9 Nona, basé sur le BMD-1 : ce projet, envisagé pour recevoir un mortier de 120mm ou un canon de 152mm, n’a finalement pas été retenu en 2015, après les tests des premiers prototypes.

Lors du salon ARMY-2017, qui s’est tenu fin août, des informations supplémentaires ont été dévoilé sur ce projet, avec notamment une fiche technique et une maquette de présentation de l’engin. Ainsi, sa configuration générale est semblable à celle du 2S31 Vena, un mortier automoteur basé sur le BMP-3 qui a été exporté en Azerbaïdjan, mais cette fois-ci sur un chassis rallongé de BMD-4M. Le poids de l’engin serait de 18 tonnes et serait mis en oeuvre par un équipage de 4 hommes.

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Maquette du 2S42 présenté à ARMY-2017. Photo@Vitaly.V.Kuzmin

Le blindé est donc équipé d’un mortier de 120mm possédant un champ de tir compris entre 1 et 13 km et une cadence de tir de 6 à 8 cps/min. Pour sa défense rapprochée, une mitrailleuse télé-opérée, sûrement une PKTM de 7,62mm, est installée sur la tourelle.

Le premier prototype de l’engin doit être mis au point cette année, avec une production en série débutant en 2020.

– Le projet Ptitselov est un véhicule anti-aérien destiné à la protection des unités aéroportées contre les menaces aérienne à courte portée, comme les hélicoptères, les drones et les avions volant à basse altitude.

Actuellement, peu d’informations ont été dévoilées sur ce projet, si ce n’est qu’il reprend la base du BMD-4M et que son armement est composé du système de missile « Sosna« , dont les tests sont censés s’achever cette année.

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Vue d’artiste du projet « Ptitselov ».  Image@RussianDefence.

Le système Sosna met en oeuvre 12 missiles 9M337, dont le champ de tir est compris entre 1,3 et 10km  de distance et entre 2m et 5km de haut.

Pour acquérir sa cible, le Sosna utilise un système de guidage opto-électronique en lieu et place d’un radar, le protégeant ainsi face aux munitions anti-radar et au brouillage électronique. Ce système, gyro-stabilisé, comprend entre autre un viseur thermique et un télémètre laser, et possède une capacité de détection, d’acquisition et d’attaque automatique et semi-automatique.

Développé initialement sur une base de MT-LB, ce système anti-aérien peut être monté sur différentes plate-forme de plus de 4 tonnes et la base du BMD-4M semble donc avoir été retenu pour le blindé anti-aérien aéroporté « Ptitselov« , qui devrait succéder au désormais vieillissant Strela-10M3 au alentours de 2020.

Conclusion

Aujourd’hui, les VDV ne sont désormais plus une seule force aérotransportée : elles doivent devenir dans les années à venir l’équivalent d’une force de réaction rapide, avec une forte hausse des effectifs passant de 36 000 à 72 000 soldats largement professionnalisés.

Le but recherché étant de disposer d’une force pouvant être déployés rapidement sur de longue distance tout en étant capable de posséder une puissance de feu importante lui permettant de se détacher au maximum de la composante terrestre pour pouvoir combattre en plus grande autonomie (ce qui explique pourquoi elles se dotent aussi de char T-72B3, alors qu’au premier abord cette idée semble totalement contre-productive).

Ainsi, le BMD-4M, de par sa mobilité et sa puissance de feu importante, semble correspondre à ces objectifs et va donc pouvoir remplacer efficacement les nombreux BMD-2 encore en service, d’autant plus qu’un certain nombre d’engins ayant différent rôle sur le champ de bataille doivent reprendre sa base mécanique, diminuant les coûts de développement et allégeant la logistique, deux  facteurs important aux yeux d’une Russie qui connaît une situation économique fragile tout en devant sécuriser un territoire extrêmement vaste.

 

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