[Actu] Retour en grâce du Tu-22M3?

Alors que l’avenir des Tu-160 et Tu-95MS semblait tout tracé et fermement inscrit dans les projets de l’aviation de bombardement stratégique russe, celui du Tu-22M3 est resté fort obscur ces dernières années. L’appareil semblait voué à terminer sa carrière sous peu son remplacement par le PAK DA étant acté et aucun programme de modernisation de grande ampleur n’étant dans les cartons.

Il semble néanmoins que l’engagement des Tu-22M3 en tant que plate-forme de bombardement en Syrie, le regain de tension entre la Russie et l’Occident ainsi que le glissement vers la droite du programme PAK DA font que le Tu-22M3 doit jouer les prolongations.

Lors de l’engagement des Tu-22M3 durant la campagne de Géorgie (en 2008), son électronique embarquée et ses moyennes de défense étaient déjà considérés comme totalement obsolètes. Presque 10 ans plus tard et en l’absence de programme de modernisation en profondeur, la pertinence et l’efficacité des équipements embarqués ne s’est bien évidemment aucunement améliorée.

Alors que Tupolev vient d’annoncer le retour en vol sous peu du premier Tu-22M3 porté au standard Tu-22M3M: il est temps de se pencher sur le Tu-22M3 ainsi que sur son retour en première ligne au sein des forces aériennes russes.

Tu-22M et Kh-22: le vecteur et son armement

Bombardier moyen aux ailes à géométrie variable conçu pour prendre la relève du Tupolev Tu-22 Blinder avec lequel il ne fait que partager une dénomination commune et rien de plus, le Tupolev Tu-22M3 découle d’un projet lancé en date du 28 novembre 1967. Le but recherché étant la création d’un nouveau bombardier devant remplacer le Tu-22 dont les performances n’étaient absolument pas satisfaisantes et qui devait emporter notamment une nouvelle arme anti-navires: le missile Kh-22.

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En plus d’être un échec technique, le Tu-22 Blinder le fut également d’un point de vue esthétique… Photo@Wikipedia.com

Missile aux dimensions imposantes; le Kh-22 (AS-4 Kitchen en codification OTAN) a vu son développement débuter le 15 avril 1958 au sein du bureau de design MKB Raduga (anciennement connu sous le nom OKB 2): le but étant de créer un missile supersonique pouvant emporter soit une charge conventionnelle soit une charge nucléaire apte à détruire les porte-avions ennemis (ainsi que leur escorte). Il s’agissait d’une réponse asymétrique apportée par l’URSS à la menace que représentaient les porte-avions américains.

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Missile Kh-22. Photo@Flickr

Conçus pour être emportés par des Tu-95K-22, Tu-22K et Tu-22M: le Kh-22 a effectué ses premiers tests en 1962 avant d’entrer en production en 1968, celle-ci s’achevant en 1988. Le Kh-22 est un missile supersonique d’une vitesse maximale de Mach 4,15 disposant d’une aile delta et dont la propulsion est assurée par un moteur-fusée R201-300 à deux chambres et ergols liquides. Le missile peut-être équipé de deux types de guidage différents: soit un guidage à radar actif PMG soit un guidage à radar Doppler PSI.

Le missile Kh-22 présente un profil de vol assez atypique dont le déroulement vise à limiter les capacités d’interception de ce dernier. Après acquisition de la cible par le radar du vecteur et le radar du missile, le missile est largué et une fois qu’il est éloigné du vecteur le moteur-fusée s’allume ainsi que les surfaces de contrôle s’activent.

Le missile accélère et monte jusqu’à son altitude de croisière qui est à 22.500 m, le guidage interne du missile assurant le suivi de la cible. Une fois que le missile approche de la cible, le moteur s’éteint et il entre dans un piqué à 30° vers la cible; la détonation se fait soit par contact avec la cible soit selon les données reçues par le système de guidage.

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Illustration des phases de vol des missiles Kh-22/Kh-22N. Illustration@ausairpower.net

Pas moins de quatre versions du missiles Kh-22 existent:

  • Kh-22M: version anti-navires avec guidage à radar actif PMG et mise en service en août 1976 sur le Tu-22M2
  • Kh-22MA: version air-sol avec guidage par radar Doppler PSI et mise en service en 1971
  • Kh-22N: version anti-navires avec guidage à radar actif mise en service en 1989 sur le Tu-22M3
  • Kh-22NA: version air-sol avec guidage à radar Doppler dérivée du Kh-22N

Le prototype Tu-22M0 (Izd 45.00) a effectué son premier vol le 30 août 1969, et les performances obtenues n’étant pas à la hauteur des exigences: une version modifiée et améliorée, le Tu-22M1 (Izd 45.01), décollera pour la première fois le 28 juillet 1971. Une version légèrement modifiée, le Tu-22M2 (Izd 45.02) décollera pour la première fois le 7 mai 1973 et ce sera la première variante qui entrera en production de série avec 211 appareils produits.

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Le premier prototype Tu-22M0 codé « 101 Noir ». Photo@Krasnaya Zvezda

Cependant, les performances obtenues n’étaient toujours pas satisfaisantes et une nouvelle variante équipée de moteur Kuznetsov NK-25 ainsi que d’une cellule partiellement redessinée et adaptée pour la nouvelle motorisation effectuera son premier vol le 20 juin 1977: il s’agit du Tu-22M3 (Izd 45.03). Pas moins de 268 Tu-22M3 seront produits entre 1977 et 1993 à l’usine Gorbunov de Kazan; le Tu-22M3 sera admis officiellement en service en mars 1989. Les Tu-22M ont reçus la codification OTAN: Backfire (A/B/C).

Aux niveaux des capacités techniques, le Tu-22M3 est un bombardier régional qui présente les caractéristiques suivantes:

  • Equipage: 4 hommes
  • Longueur: 42,4 m
  • Envergure: 34,28 m (avec flèche à 20°) et 23,30 m (avec flèche à 60°)
  • Hauteur: 11,05 m
  • Masse à vide: 58 tonnes
  • Masse en charge: 112 tonnes
  • Masse maximale au décollage: 124 tonnes
  • Charge offensive: 24 tonnes
  • Motorisation: 2 Kuznetsov NK-25 de 247,9 kN chacun
  • Vitesse maximale: Mach 1,88 (en altitude)
  • Distance franchissable: 6.800 Km
  • Rayon d’action: 2.410 Km

Alors qu’il avait été initialement conçu pour pouvoir être ravitaillé en vol, une perche de ravitaillement étant implantée dans le nez de l’appareil: cette capacité a été supprimée durant les négociations des traités SALT I et II, faisant perdre au Tu-22M3 son caractère de « bombardier stratégique intercontinental ». Néanmoins, il serait toujours possible de rééquiper l’appareil avec cette capacité si le besoin s’en faisait sentir.

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Le Tu-22M3 codé 57 Rouge dispose d’une décoration originale et rare sur un appareil russe. Photo@Anastasiya Yushkevich

Du point de vue de sa charge offensive, le Tu-22M3 est conçu pour emporter le missile Kh-22 à raison de trois missiles maximum emportés en externe: un sous le fuselage et un sous chaque aile. De plus, le Tu-22M3 est apte à emporter le missile Kh-15 à raison de 6 missiles sur lanceur rotatif en soute interne ainsi que 4 sous les ailes et enfin, il est également apte à emporter des bombes lisses sur rails externes sous le fuselage, sous les ailes ou dans la soute à bombes. La défense de l’appareil est assurée par un canon bi-tube GSh-23 installée dans une tourelle de queue commandée à distance et implantée à la base de la dérive et au-dessus des tuyères.

D’autres versions basées sur le Tu-22M3 suivront bien que ces dernières n’auront pas de suite et/ou seront abandonnées;

  • Tu-22MR, version de reconnaissance sera produit en nombre restreint entre 1989-1993 (une douzaine d’appareils)
  • Tu-22MP, version de brouillage et d’escorte dont un prototype sera produit et qui n’aura pas de suite
  • Tu-22M4, version de bombardement qui devait reprendre une partie des équipements développés pour le Tu-160 dont notamment les moteurs Kuznetsov NK-32. Un prototype sera produit en transformant un Tu-22M3 mais la chute de l’URSS empêchera la production en série
  • Tu-22M5, version de bombardement disposant d’une électronique moderne qui ne dépassera pas le stade de la planche à dessin

Lors de la chute de l’URSS, les Tu-22M actifs se retrouvèrent en Ukraine et en Russie.

L’Ukraine n’ayant aucune utilité de tels appareils, ils seront détruits sur la période 2002-2006. La Russie dispose toujours d’environ 63 Tu-22M3 actifs qui sont tous en service au sein de l’aviation à long rayon d’action (branche de la Force Aérienne qui a en charge le bombardement stratégique); les appareils sont basés à Belaya (Oblast d’Irkutsk), Shaykovka (Oblast de Kaluga), Olenyegorsk (Oblast de Murmansk) et Dyagilevo (près de Ryazan). Jusqu’en 2011, certains Tu-22M3 étaient en service au sein de la Marine Russe (VMF), ils ont depuis été centralisés au sein du bombardement stratégique.

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Cette photo de deux Tu-22M3 permet de mieux voir les ailes à géométrie variable. Photo@Avtor

Le Kh-22 étant un missile ancien approchant de sa fin de vie avec une production achevée depuis 1988 et dont le système de guidage radar travaillant sur des fréquences fixes était facilement bloqué par les systèmes de brouillage, la Russie a chargé le bureau d’étude Raduga de développer un successeur à celui-ci en 1998.

Repris sous le nom Kh-32, il s’agit d’un missile ayant la même forme et la même taille que son prédécesseur mais disposant d’une centrale de navigation inertielle ainsi que d’un nouveau système de guidage à radar actif. Le Kh-32 dispose d’une autonomie allant de 600 à 1.000 Km (variant selon les sources), d’une vitesse maximale de 5.000 Km ainsi que d’un profil de vol modifié (par rapport au Kh-22). La charge offensive du missile est réduite par rapport au Kh-22 (500 Kg vs 900 Kg) ceci profitant à la capacité en carburant du missile et donc sa portée. Il peut également être doté d’une tête nucléaire.

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Le Tu-22M3 prototype appartenant à Tupolev (codé 9804 Noir) emporte ici deux missiles Kh-32. Photo@Vitaliy Yurtaev

De part le fait qu’il est basé sur le Kh-22, le Kh-32 dispose d’un profil de vol similaire à celui-ci. Après son lancement, le missile monte jusqu’à une altitude maximale de 40.000 m (donc plus haut que le Kh-22) avant de passer en vol stabilisé avant de rentrer en piqué très prononcé vers la cible. La combinaison de vitesse et d’énergie accumulé durant la descente augmentant sa capacité de destruction sur des cibles de grande taille.

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Tableau comparatif des performances offertes par les variantes du Kh-22 et le Kh-32. Illustration@ausairpower.net

Le premiers prototypes de missiles ont été produits dès 1998 pour servir aux essais de ce dernier et le manque de budgets feront que les tests seront interrompus durant plusieurs années. Les tests et travaux sur le missile reprirent en 2008 et il sera déclaré bon pour le service à la fin de 2016.

Au niveau des Kh-22, la Russie a également fait savoir que 32 missiles retirés du service vont être remis en état de fonctionnement sur une période de trois ans.

Programmes de modernisation

Le Tu-22M3 a été admis au service en mars 1989 et en juin 1990, l’URSS lança un premier projet de modernisation sous le standard Tu-22M3M (Izd 45.03M). Cependant, le projet n’avancera pas et le contenu de la modernisation évoluera à plusieurs reprises. Il faudra attendre 2008 et plusieurs changements de contenu pour voir le Tu-22M3 prototype employé par l’OKB Tupolev recevoir un nouveau radar et débuter les tests d’intégration des nouveaux systèmes.

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Le Tu-22M3 codé « 30 Rouge » est doté de deux rails externes sous les entrées d’air permettant d’emporter des bombes lisses.

Au même moment, le MoD Russe lança un programme de modernisation de petite ampleur avec le système de ciblage SVP-24 développé par Gefest & T; la version adaptée pour emploi sur le Tu-22M3 recevant le nom de SVP-24-22. Cette modernisation consiste en l’installation des équipements suivants:

  • Système de tir SVP-24-22
  • Ordinateur de bord SV-24
  • Enregistreur de missions UVV-MP-22
  • Système de radionavigation SRNS-24 avec récepteur pour Glonass A737
  • Trois écrans LCD pour l’officier du système d’armes
  • Disque dur TBN-K-2

L’ensemble de ces équipements sont conçus pour être une solution « low cost » permettant d’améliorer la précision au tir des munitions lisses sans nécessiter de grosses modifications de l’appareil. En outre, l’avenir du Tu-22M3 n’étant pas garanti, un programme de modernisation long et coûteux ne se justifiait pas pas plus qu’il n’était budgétairement réalisable.

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Les trois écrans LCD ajoutés dans le cadre de la modification SVP-24-22. Photo@Anatoliu

En effet, avec l’arrivée du Su-34, bombardier tactique polyvalent apte à remplir un vaste éventail de missions, l’existence de Tu-160(M)/Tu-95MS(M) et la « disparition » de la mission principale de lutte contre les groupes aéronavals: l’existence même du Tu-22M3 semblait remise en cause. Après tout, la capacité de tir de munitions guidées du Su-34, couplée à la grande autonomie de ce dernier (pouvant être augmentée par le ravitaillement en vol) lui permettait de couvrir la quasi intégralité des missions attribuées au Tu-22M3.

Le premier Tu-22M3 SVP24-22 vola en 2009 et il sera rapidement suivi par un deuxième appareil employé par le programme de tests. En 2012, le MoD commanda cette « modernisation » pour équiper les Tu-22M3 cependant il ne semble qu’il n’y a eu qu’un nombre restreint d’appareils équipés (environ une dizaine d’avions) malgré les annonces tablant sur 30 avions équipés à l’horizon 2020.

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Le Tu-22M3 codé 20 Rouge emporte un Kh-22 en position centrale. On remarque l’intégration partielle du missile dans la cellule en vue de limiter la traînée générée par ce dernier. Photo@Vadim

La « modernisation » avec le système SVP-24-22 n’en est pas réellement une et il serait plus pertinent de parler de « mise à jour » de l’appareil vu la portée limitée des modifications apportées au Tu-22M3.

Il semble que l’engagement en Syrie des Tu-22M3 pour des missions de bombardement avec emport de bombes lisses a mis en lumière les limitations et contraintes techniques imposées par l’obsolescence des systèmes embarqués; le manque de précision des systèmes de ciblage des appareils n’étant que très partiellement compensé par la mise en place de « groupe » d’appareils constitué d’au moins un Tu-22M3 équipé du système SVP-24-22 assurant le ciblage pour les autres appareils du groupe, ceux-ci se contenant de larguer leurs bombes au même moment… Inutile de commenter la « précision » des frappes obtenues.

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Tu-22M3 lors du bombardement d’une cible en Syrie. Photo@?

C’est en partie la raison derrière le retour sur la table (ou tout du moins l’accélération des travaux) sur le standard Tu-22M3M (Izd 45.03M). Ce dernier se caractérise par le montage des équipements suivants:

  • Radar Novella NV-45 (dérivé du radar employé sur l’IL-38N)
  • Système de navigation NO-45.03M
  • Système de contrôle de vol digital ABSU-145MS
  • Système de communication S-505-45
  • Système IFF 632-3D-23
  • Cockpit modernisé (les sources varient sur ce point)
  • Système de défense/guerre électronique modifié (sans détails supplémentaires)
  • Révision générale de la cellule avec extension de vie de 10 à 15 années supplémentaires

Un premier prototype de Tu-22M3M (le 9804 appartenant à Tupolev) aurait été équipé du radar NV-45 en 2014 et serait employé depuis dans le cadre des tests de mise au point et d’évaluation de ce dernier. En 2016, le MoD Russe a passé commande de 4 Tu-22M3M, le contrat incluant la fourniture de 4 radars NV-45 étant signé par la même occasion. Le premier appareil porté à ce standard sera livré dans le courant du mois d’octobre 2018. Les dernières annonces à ce sujet tablent sur une trentaine d’appareils à porter au standard Tu-22M3M; ces derniers recevant en outre de nouveaux moteurs NK-25 disposant d’un potentiel complet.

Outre les campagnes de modernisation de l’appareil, deux nouveaux missiles devraient à terme renforcer l’arsenal du Tu-22M3;

  • Le missile Kh-47M2 (?) Kinzhal
  • Le futur missile Kh-50 (ex Kh-SD)

Le missile Kinzhal qui est basé sur un missile équipant le système Iskander a pour mission d’assurer l’attaque sur les navires de gros tonnages, bien qu’en phase de tests et intégré sur des MiG-31 modifiés, les MiG-31K, il ne serait aucunement illusoire (quelques informations non-vérifiées vont en ce sens) de voir ce dernier être intégré au sein du Tu-22M3: il reste à déterminer si la capacité supersonique du Tu-22M3 sera suffisante que pour faire de lui un vecteur crédible pour le Kinzhal.

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Cette photo du MiG-31K codé 90 Rouge portant un missile Kinzhal permet de se faire une idée de la taille imposante de ce dernier. Photo@?

Le missile Kh-50 est un missile de croisière subsonique de construction neuve développé par le bureau d’études Raduga et dont le système de guidage est dérivé de celui employé par le missile Kh-101/-102. Prévus pour être emporté par les Tu-160M, Tu-95MS ainsi que dans la soute des Tu-22M3, le missile Kh-50 devrait disposer d’une autonomie de 1.500 Km et être capable de voler à une vitesse de croisière de 700 Km/h. Le corps du missile est conçu pour limiter sa détection par les radars ennemis ainsi que pour faciliter son montage en soute sur lanceurs rotatifs. En l’état actuel des choses, son acquisition est inscrite dans le GPV 2018-2027 mais aucun calendrier précis relatif à sa mise en service n’a été communiqué.

A titre anecdotique, un article publié par le blog BMPD en date du 1er avril parlant de l’abandon du projet PAK DA au détriment de la relance de la production d’une version modernisée du Tu-22M3 dotée de moteurs NK-32 est venu brouiller les cartes… en effet, cet article qui est un Poisson d’Avril a été repris en boucle par certains médias peu regardant sur les sources employées et qui sont tombés dans le panneau à pieds joints.

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Une vue qui n’est pas prête de disparaître dans un proche avenir: un Tu-22M3 avec deux Kh-22. Photo@Vadim

Certes, on peut en sourire mais cette anecdote en dit long sur le sérieux de certaines sources et la crédibilité qu’ont les réseaux sociaux lorsqu’ils reprennent ces infos en boucle sans prendre la peine de creuser un minimum les informations et leur pertinence. Il n’y aura pas de relance de la production du Tu-22M3, son remplacement étant acté dans le cadre du programme PAK DA.

En conclusion

Lors d’une interview récente du patron des DA au sein du journal de l’armée Krasnaya Zvezda; il permet de voir les évolutions que la flotte de bombardiers russes va connaître sous peu. Cet article permet d’apprendre deux choses intéressantes;

  • L’intégration à plus grande échelle du Kh-32 sur les Tu-22M3 se confirme et les tests opérationnels sont concluants
  • Le PAK DA remplacera en priorité les Tu-22M3 et les Tu-95MS

Selon les derniers calendriers disponibles; le prototype PAK DA devrait effectuer son premier vol vers 2025-2026 avec une entrée en service à l’horizon 2029-2030 et ceci à condition qu’il n’y ait pas de retards supplémentaires.

Par conséquent, il reste entre 10 et 15 ans de vie active – au maximum – pour le Tu-22M3; ceci implique donc qu’une modernisation plus large de ce dernier se justifie pleinement et il semble que la Russie en a – enfin – pris conscience principalement après l’engagement des Backfire en Syrie. Avec l’intégration confirmée du Kh-32, l’intégration à terme du Kh-50 ainsi que l’éventuelle intégration (pas encore confirmée) du Kinzhal, le tout couplé à une suite de guerre électronique embarquée modernisée: le Tu-22M3 va disposer de capacités offensives décuplées par rapport à la situation actuelle et ce principalement dans la lutte anti-navires.

Il sera à même de mener des missions que les autres bombardiers stratégiques russes ne sont pas aptes à remplir que ce soit l’emport de bombes lisses, de certaines munitions guidées ou de missiles anti-navires modernes. Il s’agira donc d’un retour aux sources pour le Tu-22M3. Reste maintenant à voir l’étendue réelle des travaux réalisés (après tout, les effets d’annonces sont monnaie courante en Russie) et le temps qui sera nécessaire pour confirmer (ou non) le retour en grâce du Tu-22M3.